ÉDITORIAL
Deux nouvelles peu encourageantes tombaient au moment de « boucler » ce numéro de l’été : la publication de l’Instrumentum laboris (Instrument de travail) du prochain synode et les chiffres des ordinations 2023 – 88 nouveaux prêtres en France cette année (dont seulement 52 diocésains) contre 122 l’an dernier et 130 en 2021. Ces deux informations a priori indépendantes ne sont toutefois pas sans lien. En effet, le principal malaise, à la lecture de l’Instrumentum laboris, provient de la méfiance ressentie à l’égard des ministres ordonnés que dégage ce texte – prêtres et évêques tout particulièrement.
On a ainsi du mal à comprendre comment certaines propositions qui seront débattues au synode favoriseraient l’éclosion de vocations ! Il est vrai que les auteurs de ce texte n’en font pas une préoccupation prioritaire ni même une question d’actualité ; il semble plus urgent de lutter contre le « cléricalisme », bouc émissaire facile de tous nos maux. Il est certes opportun de se soucier de la place des laïcs dans l’Église, et des femmes tout particulièrement qui en sont un pilier fondamental. Mais cela ne peut-il se penser qu’au détriment des prêtres et des évêques ? Nos auteurs se sont-ils demandés si les jeunes des JMJ ou les séminaristes ordonnés en juin se reconnaissaient dans cet Instrumentum laboris ? Pour favoriser les vocations, ne dénigrons pas les prêtres, honorons au contraire la dignité du sacerdoce, fruit d’un appel de Dieu.
Un tel texte pose la question de la méthodologie : il est à l’évidence non représentatif de l’ensemble de l’Église universelle. Il semble tout droit sorti de l’agenda des catholiques européens les plus âgés, obsédés par leurs vieilles lunes dont se préoccupent peu la plupart des jeunes chrétiens et la majorité des Églises non occidentales, africaines notamment (1). Il est fort à craindre que débattre au synode sur de telles bases créera des espoirs dont certains seront forcément déçus, aggravant les divisions dans l’Église, sans aider en rien à ce qui devrait être la priorité absolue de l’heure : l’évangélisation d’un monde qui s’éloigne toujours plus de Dieu !
Ce contexte montre combien une revue comme La Nef est nécessaire pour éclairer et former les esprits, car il est peu de publications catholiques qui osent aborder sans tabou tous les sujets, même ceux qui fâchent, en tenant une ligne de crête d’indéfectible fidélité à l’Église.
Par ailleurs, j’aimerais profiter de ce temps d’été pour vous entretenir de la situation et de l’avenir de votre revue.
Commençons par une bonne nouvelle, rare dans le monde de la presse écrite : pour la deuxième année consécutive, notre nombre d’abonnés a légèrement augmenté. Faible croissance, certes, mais encourageante dans un contexte difficile et de hausse généralisée des prix – dont celle, très élevée (50 %), des imprimeurs – alors même que nous ne bénéficions du soutien d’aucun groupe. Si bien que nous avons décidé de donner un coup de jeune à La Nef en embauchant comme rédactrice en chef ma fille Élisabeth qui collaborait déjà depuis sept mois. C’est un pari sans doute audacieux pour la fragile structure financière de notre publication, mais c’est assurément le meilleur moyen pour la dynamiser et la développer.
Des projets en vue
Nous aurons l’occasion de vous reparler des projets en cours, parmi lesquels un partenariat avec « 1000 Raisons de croire » (2) qui prendra, dès le numéro de septembre, la forme d’une rubrique que nous consacrerons à la réflexion apologétique et aux « raisons de croire ». Le soin porté à l’intelligence de la foi et à sa crédibilité répondra, je l’espère, aux vœux de la majorité d’entre vous tels qu’exprimés dans le récent sondage que nous avons fait en mars-avril dernier.
Amis lecteurs, La Nef ne vit que de ses abonnés, vous êtes non seulement notre seul appui, mais aussi nos principaux promoteurs. Nous avons donc impérativement besoin de vous : pour faire connaître notre titre qui manque encore de notoriété, et pour nous aider financièrement ! Profitez de l’été pour diffuser des numéros de La Nef ; mieux : offrez des abonnements-cadeaux si vous le pouvez, ou contribuez à notre équilibre par un don défiscalisé.
Je sais pouvoir compter sur votre fidèle soutien : merci d’avance, et bon été à tous ! Nous nous retrouverons en septembre avec un nouveau numéro quelque peu revu.
Christophe Geffroy
(1) Nous ne pouvons développer ici une analyse de ce texte, mais nous aurons l’occasion de revenir longuement sur le synode qui se déroulera à Rome en octobre 2023.
(2) https://1000raisonsdecroire.mariedenazareth.com/
© LA NEF n° 360 Juillet-Août 2023