Cinéma Septembre 2023

Le Cardinal

(DVD ou plateforme Saje)

L’évêque gréco-catholique roumain Luliu Hossu (1885-1970) est ce « Cardinal » qui donne son nom au douloureux et beau film de Nicolae Margineanu. Un film soucieux de vérité historique mais sans s’interdire quelques libertés. Par exemple, Hossu n’a pas appris de Rome qu’il était fait cardinal, il l’a été « in pectore » par Paul VI en 1969, son nom n’étant révélé qu’après sa mort, en 1973. Il est incarné par Critian Bota, extraordinaire acteur au visage aussi hiératique que son sourire est doux. On le voit en 1950, quand un groupe d’évêques gréco-catholiques est jeté par le pouvoir communiste dans la terrible prison de Sighet. La majeure partie du film se passe dans ce lieu infernal, où les gardiens-tortionnaires, dirigés par un fils de pope, emploient toutes les humiliations pour faire abjurer les évêques. Non pas pour les convertir au communisme athée – ils savent que c’est illusoire – mais pour les faire revenir à l’orthodoxie. Beaucoup de prêtres gréco-catholiques ont déjà fait ce pas sous la contrainte mais les évêques, à l’exemple de Hossu, qui répète comme une devise « notre foi, c’est notre vie », tiennent bon contre l’oppresseur.
La partie du film dans la prison, austère, est pénible car on compatit au martyre de ces héroïques prélats, mais le témoignage de foi est si élevé qu’on en est ébloui. Luliu Hossu et les six autres évêques martyrs ont été béatifiés par le pape François le 2 juin 2019.

Mission impossible

(1ère partie, en salles)

Une nouvelle arme faite d’IA, capable de contrôler toute espèce de pouvoir, menace l’humanité entière. Une clé composée en deux parties la commande. Ethan Hunt et son équipe de Mission Impossible se lancent dans une course mortelle autour du globe pour la récupérer.
Après une introduction, d’une technicité éperdue, pour expliquer ce qu’est la nouvelle arme, on part avec Tom Cruise dans sa quête mondiale parmi des paysages éblouissants, dont une improbable Venise de synthèse. Une série de pugilats, longuette, est compensée par des scènes d’action extraordinaires. Une seule pensée dans le public quand le film s’arrête : « vivement la suite ! »

Anatomie d’une chute

(en salles)

Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent loin de tout, à la montagne. Samuel est trouvé mort : suicide ou homicide ? Sandra est inculpée de meurtre. Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.
Si l’on passe les clichés woke, bisexualité et gynolâtrie victimiste, on reste impressionné devant cette nouvelle Palme d’or à Cannes (de Justine Triet) par l’écriture profondément littéraire du film, très au-dessus du « film de procès » classique, multipliant les personnages, tous étudiés avec finesse et participant à la profondeur psychologique et sociale du récit. Au centre, Sandra – prodigieuse Sandra Hüller – témoigne pour l’innocence de la femme au sein du volcan qu’est parfois le couple, avec une naïveté qu’on discutera mais en reconnaissant l’étonnante puissance dramatique du propos.

François Maximin

© LA NEF n° 361 Septembre 2023