Lectures Octobre 2023

LE CŒUR NE SE DIVISE PAS
 FRANÇOIS BUSTILLO, EDGAR PENA PARRA, NICOLAS DIAT
Préface du pape François, Fayard, 2023, 370 pages, 22,50 €

Nicolas Diat, qui ne manque jamais d’idées éditoriales originales (voir, par exemple, l’excellent Trois jours et trois nuits), a réuni ici deux évêques peu connus du grand public et a priori fort différents pour mieux faire connaître et aimer l’Église, actuellement prise dans une tourmente qui inquiète nombre de catholiques. Mgr Bustillo, religieux franciscain d’origine espagnole, a été nommé évêque d’Ajaccio au printemps 2021, puis, à la surprise générale, créé cardinal lors du consistoire du 30 septembre dernier ; Mgr Pena Parra est le premier nonce vénézuélien, nommé substitut de la Secrétairerie d’État en 2018, où il a succédé au cardinal Becciu dont le procès est toujours en cours au Vatican. Le choix qu’a fait Nicolas Diat de ces deux évêques s’avère vraiment pertinent, car l’un et l’autre révèlent une personnalité attachante et, surtout, aucun des deux ne tombe dans le travers de la « langue de buis » si fréquent dans ce genre d’exercice. Enfin, l’un et l’autre sont animés d’un bel amour de l’Église qu’ils savent communiquer au lecteur. Bref, là où l’on pouvait craindre peut-être un livre un peu ronronnant, on découvre des propos stimulants sur des sujets certes peu originaux en eux-mêmes mais qu’il est bon de rappeler : l’identité du prêtre et de l’évêque, l’importance de la vie intérieure et de la prière, la sainteté, le concept de paternité, la notion de vertu, le sens de la foi, l’évangélisation dans ce monde sécularisé, l’espérance, etc., autant de thèmes abordés dans un style très accessible.

Christophe Geffroy

DIEU JOUEUR D’ECHECS ?
Prédestination, grâce et libre arbitre.
T. I : De l’Écriture à saint Albert le Grand
Fr. BASILE o.s.b.
Éditions Sainte-Madeleine, 2023, 1532 pages, 79 €

La publication dans le désordre des quatre tomes sur la prédestination n’est en rien préjudiciable à la cohérence du projet d’ensemble tant chacun d’entre eux constitue une unité. Après le tome II (déjà recensé dans La Nef) présentant et analysant les différentes strates de l’investigation de l’Aquinate, voici donc le tome I qui embrasse la question à partir de l’Écriture jusqu’à saint Albert le Grand inclus. Rappelons d’abord que le Père Basile traite une des questions parmi les plus complexes tant et si bien qu’elle a quasiment disparu du champ théologique contemporain alors même qu’elle reste une des plus cruciales. Dans son propos introductif, l’auteur cite Jean Guitton qui voyait dans l’existentialisme athée un type de réponse au problème de la prédestination. Un des intérêts du travail du Père Basile tient dans son choix d’étudier les textes fondamentaux eux-mêmes – en particulier ceux d’Augustin, le « docteur de la grâce » – plutôt que de répéter des commentaires de commentaires, cette fameuse « littérature secondaire » qui finit par occulter les sources !
On peut savoir gré au Père Basile d’avoir en manière de conclusion ressaisi de façon synthétique les nombreuses données qu’il a recueillies. La question de la prédestination tente d’articuler les notions suivantes :
– La science divine, qui est une omniscience, portant aussi sur les futurs contingents, c’est-à-dire qui, bien que ne devant pas échoir nécessairement, sont prévus infailliblement.
– La volonté divine, qui peut être positive, par rapport au bien, ou simplement permissive, par rapport au mal. La volonté salvifique universelle (antécédente) peut être mise en échec par le mauvais usage de notre liberté.
– La toute-puissance divine, qui n’écrase pas l’exercice des causes secondes.
– La Providence, soit l’ordonnancement par Dieu de toutes choses au fil de l’histoire. C’est quand la Providence concerne les réalités du salut qu’elle s’appelle précisément la « prédestination ». Si l’acte de prédestination tient dans le regard d’amour de Dieu qui « organise éternellement le sort final de tous », l’objet n’en peut être le péché ni donc la damnation. Mais la prédestination « croise » la prescience divine car Dieu détermine – sans qu’il y ait pour autant nécessité – le sort éternel des uns et des autres en tenant compte des mérites ou des démérites futurs. Cette prédestination est adéquate quand elle englobe la gloire, elle est « précisive » quand elle porte sur un don particulier. Tout ce système ne doit oblitérer ni la gratuité de l’initiative divine dans la communication de la grâce, actuelle ou habituelle, prévenante ou adjuvante, ni la réalité du libre arbitre de l’homme en dépit des conditionnements de son exercice. La prédestination n’est donc pas la fatalité du déterminisme implacable du destin ! Au total, le Père Basile relève dans l’augustinisme strict une déficience importante : celle de la prise au sérieux de la volonté salvifique universelle. L’évolution théologique sur le sort des enfants morts sans baptême est une illustration de cette prise en considération accrue. C’est pourquoi l’idée de prédestination ne devrait pas induire le pessimisme auquel elle est communément associée.

Christian Gouyaud

CHRONIQUES DE L’ANCIEN RÉGIME
SIMONE BERTIÈRE
Perrin, 2023, 576 pages, 22,50 €

Cet ouvrage regroupe dix-sept études de Simone Bertière, spécialiste des temps modernes (du XVIe au XVIIIe siècle). Ces textes sont de nature essentiellement biographique, allant des derniers Valois à Louis XVI et Marie-Antoinette. D’une lecture aisée et agréable, ils offrent au lecteur des analyses alliant finesse psychologique et hauteur de vue par rapport aux événements. Est ainsi mise en lumière la signification profonde de la « Journée des dupes » qui vit Louis XIII choisir Richelieu contre sa mère et le parti « dévot », ou encore le rôle essentiel de Mazarin (que l’auteur réhabilite largement) dans le triomphe du pouvoir royal face aux Frondeurs et dans la formation intellectuelle et politique du roi Louis XIV.

Bruno Massy

L’ORDRE MORAL RENVERSÉ
Le naufrage des droits de l’homme en Europe
PHILIPPE PELLET
L’Harmattan, 2023, 90 pages, 12 €

Géologue franco-hongrois établi à Budapest où il est chercheur associé à l’Institut sur la religion et la société, Philippe Pellet offre dans ce court essai une réflexion approfondie sur l’évolution contemporaine des concepts relatifs à l’ordre moral dans une Europe laïcisée ayant rejeté toute référence à ses racines chrétiennes qui ont pourtant forgé sa civilisation. L’auteur analyse le rôle des traités et des principales institutions ayant autorité dans ce domaine : le Conseil de l’Europe, chargé de promouvoir la démocratie ; la Convention européenne des droits de l’homme, assortie d’une Cour européenne (CEDH) « compétente pour juger et condamner les État qui enfreignent ses principes » ; puis la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
Pellet souligne la « perte de souveraineté » qui en est résultée pour les États jusque dans l’élaboration de leurs lois. Ainsi, en France, le Conseil constitutionnel, chargé de confirmer la validité des lois votées par le Parlement, se soumet aux orientations des juges européens, tandis que le peuple, désormais privé de référendum, n’est plus en mesure de faire connaître sa volonté, ce qui contredit la Constitution. Mais, par ailleurs, les particuliers ou organisations non gouvernementales ont le droit de saisir la CEDH. Du pouvoir conféré à ces structures de définir le contenu des droits fondamentaux et de les faire évoluer « à la lumière des conditions de vie actuelles » résulte le « vagabondage » juridique et l’« ordre moral renversé », souligne l’auteur.
Illustrant son propos par le rappel détaillé des différentes étapes de la légalisation de l’avortement, il montre comment les instances nationales, et même des élus catholiques, n’osent plus défendre la vérité. « Progressivement, c’est le droit de la femme de disposer de son corps qui a été renforcé, accompagné d’une disparition de considération pour l’enfant à naître. » Le même principe s’annonce pour l’euthanasie. En l’absence de définition de la personne, c’est désormais l’individu, ignorant la loi naturelle et privé de morale transcendante, qui est la source de ses droits. Et ce bouleversement engendre des menaces croissantes sur la clause de conscience. En se proclamant « Conscience de l’Europe », la CEDH de Strasbourg ne prétend-elle pas remplacer l’Église de Rome, s’interroge Pellet en conclusion de cet ouvrage dont la lecture s’impose ?

Annie Laurent

ENTRE DESPOTISME ET DEMOCRATIE
Histoire constitutionnelle de la France
CHARLES ZORGBIBE
Cerf, 2023, 502 pages, 34 €

« Une nation qui passe cent ans à se constituer n’est pas une nation sérieuse », observait Ángel Ganivet dans son Idéarium espagnol, écrit en 1898. La France, alors, serait-elle frivole ? C’est ce qu’est tenté de croire le lecteur refermant Entre despotisme et démocratie. Histoire constitutionnelle de la France, de l’éminent publiciste Charles Zorgbibe. Dans cet ouvrage rigoureux et exhaustif, l’auteur détaille les nombreuses Constitutions qui ont régi, depuis 1789, le système politique français, chacune correspondant à un nouveau régime : pas moins de onze Constitutions écrites, auxquelles s’ajoutent les projets non promulgués et les lois qui, sans correspondre à une constitution au sens strict, ont institué l’Empire et le régime de Vichy. M. Zorgbibe se sert de ces lois fondamentales comme d’une armature pour revenir sur les évènements ayant déterminé la genèse et l’évolution de ces textes. Ainsi, loin d’être un simple livre d’histoire constitutionnelle, l’ouvrage recèle également une précieuse synthèse de l’histoire politique de la France depuis la Révolution.
L’impression dominante est que la Constitution, norme prétendument suprême de l’ordre juridique, n’est intangible qu’autant que le régime qu’elle institue. Chaque soubresaut politique anéantit la Constitution du jour, et la suivante, en cherchant à éviter les déséquilibres de la précédente, tombe dans les excès inverses. Si la Constitution de 1958, dont la longévité égale cette année celle de 1875, semble atteindre une forme d’équilibre, c’est sans tenir compte de ses innombrables révisions. À contempler cette instabilité, qui contraste avec la longévité et la souplesse des constitutions non écrites de notre Ancien Régime ou de la monarchie britannique, on se demande si Turgot ne s’est pas radicalement trompé en écrivant à Louis XVI, en 1784 : « La cause du mal, Sire, vient de ce que Votre nation n’a point de Constitution. » Peut-être était-ce vrai, mais il n’est guère mieux d’en avoir eu trop.

Arnaud Fabre

LA RENAISSANCE DU SUD
STEPHANE GIOCANTI
Cerf, 2022, 396 pages, 22 €

Dans cet essai d’une grande richesse, l’auteur retrace l’étonnante épopée de la culture provençale, qui, outre le fait qu’elle a engendré 1613 mots de la langue française, a inspiré des écrivains européens parmi les plus célèbres tels que Dante. Si l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), destinée à unifier l’idiome national, a préservé l’usage du provençal, associant à cette mesure les autres parlers méridionaux (catalan, gascon, languedocien, limousin), ces derniers ont tous subi le « génocide linguistique » qui leur fut infligé par la Terreur. Ils n’ont pas disparu pour autant puisqu’en 1854, la fondation du Félibrige inaugura une brillante renaissance, portée par le grand écrivain, fervent catholique, Frédéric Mistral, auteur d’une œuvre savante et romanesque qui connaîtra un rayonnement mondial et sera couronnée par le prix Nobel de littérature (1904). Le Trésor du Félibrige, dictionnaire provençal-français incluant toutes les langues d’Oc, réalisé par Mistral en 1879, est sans cesse réédité.
Soutenu par Lamartine, ce mouvement, auquel les Catalans furent très vite associés, fut bien accueilli à Paris et imprima la grande littérature française, comme le montrent les exemples retenus par Giocanti. Ainsi, écrit-il, « le génie d’Henri Bosco a éclos sous le soleil de Mistral ». Il souligne aussi l’injustice qui consisterait à réduire la littérature méridionale à une forme d’« occitanisme », tentation qui a suscité ces temps derniers l’émergence de projets partisans. Fiers de leur héritage, les félibres n’avaient aucune intention séparatiste. Où en est aujourd’hui ce combat culturel ? « Sans locuteurs naturels, la création littéraire en langues d’Oc est condamnée à se tarir », regrette Giocanti qui vit « avec consternation cette apocalypse silencieuse » tout en se nourrissant des œuvres sublimes qu’il a su si bien faire découvrir à ses lecteurs.

Annie Laurent

BERNADETTE
Celle que personne n’attendait
DON MAXENCE BERTRAND
Éditions Première Partie, 2023, 144 pages, 13,90 €

Chapelain responsable de la pastorale des jeunes au sanctuaire Notre-Dame de Lourdes, Don Maxence Bertrand leur propose dans ce petit livre un très bel itinéraire spirituel, aisément accessible, configuré à la vie de sainte Bernadette. De cette vie empreinte de pauvreté, de maladie, de mille souffrances, marquée par les apparitions de la Sainte Vierge et l’entrée au couvent de Nevers, il est possible de tirer de nombreux enseignements pour faire croître sa vie spirituelle. Jeunes ou moins jeunes pourront tirer beaucoup de profit de cette lecture.

Anne-Françoise Thès

MAGNÉTISEURS, GUÉRISSEURS, MÉDIUMS
Le nouveau royaume de l’occulte

PÈRE DOMINIQUE AUZENET
Mame, 2023, 256 pages, 17 €

Exorciste du diocèse du Mans, c’est un véritable cri d’alarme que lance le Père Auzenet face aux pratiques occultes désormais largement portées par les réseaux sociaux. Les chiffres pharamineux donnent le vertige. Ces pratiques touchent tous les strates de la population qui ignore généralement l’aspect démoniaque qui se dissimule derrière elles. En cela, elles sont totalement incompatibles avec la foi chrétienne et pourtant, faute de formation solide, de nombreux croyants, parfois avec la bienveillance de leurs pasteurs, y ont recours : même dans le but louable de recouvrer la santé, il est loin d’être anodin d’avoir à faire à un magnétiseur, à un coupeur de feu ou aux thérapies énergétiques.
Ce livre est une vaste enquête très fouillée sur l’essentiel des très nombreuses pratiques occultes « grand public ». Il offre de nombreuses pistes de discernement et explique comment entreprendre un chemin de libération. Ultimement, l’Église doit prendre très au sérieux ce phénomène qui parfois contrefait les charismes de l’Esprit-Saint. Ainsi que le note l’auteur, « Jésus nous a prévenus : des gens peuvent sembler faire des miracles, mais, en fait, commettent le mal (Mt 7, 21-23) ».

Anne-Françoise Thèse

DE L’URGENCE À L’ESPOIR
10 ans d’action aux côtés des chrétiens d’Orient
PIERRE-ALEXANDRE BOUCLAY & PAULINE VISOMBLAIN
Préface du cardinal Burke, SOS Chrétiens d’Orient,
2023, 248 pages, 17 €

Quand, il y a dix ans, Charles de Meyer et Benjamin Blanchard ont créé SOS Chrétiens d’Orient, ils n’imaginaient pas un tel développement. C’est que, malheureusement, les besoins sont immenses, et personne n’est de trop pour aider nos frères d’Orient dans le malheur. C’est l’histoire de cette extraordinaire expansion que ce bel album expose à l’occasion du dixième anniversaire de l’association.
Après une rétrospective de ces dix années et un rappel des six piliers d’action de l’association, l’album présente ses interventions dans les neuf pays où elle est présente, ses projets réalisés, le tout magnifiquement illustré. Une bande dessinée présentant les acteurs dans ses bureaux clôture l’ouvrage, donnant ainsi une idée du quotidien de l’équipe au siège et ce que représente le parcours d’un don.

Patrick Kervinec

LE TRÉSOR DE LA SAINTE MESSE
Le guide complet de la messe en latin
LISA BERGMANN
Via Romana, 2023, 94 pages, 23 €

Paru à l’origine aux États-Unis, ce bel album, richement illustré, explique de manière très didactique le déroulement de la messe dite tridentine, proposant à chaque entrée photographies, traduction et introduction dans le contexte biblique, historique ou liturgique. Très complet, il est agrémenté de nombreux glossaires et lexiques : calendrier et temps liturgiques, ornements, mobilier, vases et linges…
C’est un ouvrage idéal pour faire découvrir ou redécouvrir la forme extraordinaire, pour qu’« en explorant en profondeur les trésors que la Messe recèle, nous découvrons qu’il ne s’agit pas de simples vestiges de pompes des clercs du Moyen Âge, mais d’une tradition vivante qui intègre toute l’histoire du Salut », selon les mots du bienheureux archevêque Fulton Sheen (+1979) cité en introduction et très populaire aux États-Unis.

Anne-Françoise Thès

L’ENSAUVAGEMENT DE LA France
GEORGES FENECH
Éditions du Rocher, 2023, 216 pages, 17,90 €

De bons esprits, démographes ou géopoliticiens, s’accordent à dire que, d’ici trente ans, peut-être moins, les Français de souche seront minoritaires dans leur propre pays. Réceptacle, en effet, d’une immigration intarissable venue de partout. Et qui le met, à l’échelle de la planète, au troisième rang des pays choisis par les demandeurs d’asile, derrière les États-Unis et le Canada. D’où la pleine et entière responsabilité des sept présidents, ni fermes, ni lucides, ni courageux, et de tous les gouvernements, auteurs d’une flopée de lois incohérentes et discontinues, qui se sont succédé depuis 1970. Bref, doit-on s’étonner (devant ces arrivées massives, liées à l’ancrage des communautarismes et, d’abord chez beaucoup de jeunes, à maintes formes de délinquance), oui, doit-on s’étonner de voir la France, déplore Georges Fenech, ancien juge d’instruction, ancien député, prendre des « allures de bateau ivre » éperdument « ballotté au gré des vents mauvais » ? Avec sa nationalité distribuée à tire-larigot et ses continuelles régularisations de clandestins… heureux bénéficiaires de l’Aide médicale d’État. Avec Paris, sans doute aujourd’hui première capitale africaine d’Europe. Avec Marseille, capitale du Maghreb. Du reste, sachant fort bien pêcher en eau trouble, accuse notre auteur qui connaît sa dangerosité, le très gauchiste Syndicat de la magistrature n’est pas le dernier à seconder les illégaux. D’autant que notre effarant chaos judiciaire rend quasiment impossible, une fois entré sur le territoire, d’en renvoyer un seul.
Cette soumission au fait accompli, cette dénégation de soi, voilà bien le signe manifeste d’un peuple toujours davantage indistinct et multiculturel, d’une société en train de perdre sa consistance pour devenir postnationale.

Michel Toda

Romans à signaler

EN CES TEMPS DE TEMPÊTE
JULIA GLASS
Gallmeister, 2023, 600 pages, 25,80 €

Vigil Harbor, paisible petite cité balnéaire chic de la côte Est américaine, s’offre comme un refuge sûr à ceux qui ressortent hébétés de la récente pandémie ou de la violence croissante des grandes villes où se succèdent une série d’attentats meurtriers, ou de l’éco-anxiété ambiante. Refuge sûr, vraiment ? L’harmonie des lieux semble se fissurer avec l’arrivée concomitante et soi-disant impromptue de deux étrangers qui semblent en connaître plus qu’ils ne veulent en dire sur le passé de certains habitants, un passé d’où ressurgit une mystérieuse jeune femme disparue. Est-ce là la clé de l’énigme ? À quelles tempêtes vont être confrontés les personnages de ce roman au suspens subtilement distillé, personnages bien de notre temps, avec ses inévitables poncifs, mais aussi reflets des angoisses d’une société anxiogène !

Anne-Françoise Thès

© LA NEF n° 362 Octobre 2023