Cinéma Novembre 2023

Sound of Freedom

(15 novembre 2023)

Au Mexique, un homme vient proposer au père de deux petits enfants d’inscrire ceux-ci à un casting, rémunéré. Séduit, le père accepte mais quand il veut récupérer ses enfants, il ne trouve plus personne. Il doit bientôt se rendre à la terrible évidence, les enfants ont été enlevés ; et pour le pire des sorts : être livrés à l’esclavage sexuel pour des pédocriminels introuvables.
Apparaît le héros de cette aventure, Tim Ballard, au cœur de l’histoire réelle d’où est tiré le film, interprété par Jim Caviezel (le Jésus de La Passion de Mel Gibson). Il traque les pédocriminels comme agent de la sécurité intérieure. C’est ainsi qu’il retrouve le petit garçon du casting. Mais la sœur, elle, manque à l’appel. Ne pouvant pas opérer à l’étranger, Tim prend une décision radicale, soutenu par sa femme (Mira Sorvino) : il démissionne, pour pouvoir agir, tout en gardant le lien avec son agence. Il s’allie avec Vampiro, un ancien pédocriminel repenti (Bill Camp). C’est une belle scène dans le film, celle où Vampiro raconte comment il a compris l’abomination de sa conduite, la honte qui l’a presque conduit au suicide, et comment il en a été empêché par Dieu.
Le film devient alors une pure aventure dans la jungle colombienne, où nos deux héros affrontent les plus dangereux trafiquants d’enfants, agissant dans des camps retranchés à l’instar des narcotrafiquants. La comparaison s’impose parce que selon les indications données dans le film, l’argent du trafic d’enfants se rapproche aujourd’hui de celui de la drogue. Les trafiquants des deux sortes ont au moins un point commun : ils sont armés. On arrive donc dans Sound of Freedom à des situations qui rappellent celles des films de guerre du Vietnam, même si Monteverde, le réalisateur, ne va pas aussi profondément dans la suggestion de la peur qu’un Coppola ou un Cimino.
Le film est une aventure, passionnante et bouleversante, mais il est surtout un cri d’alarme, que personne ne pourra feindre de ne pas entendre. L’immense majorité de la population est ignorante de la réalité effroyable du trafic d’enfants. Le film dépasse donc de très loin la dimension de divertissement, ou fût-ce d’œuvre d’art, pour s’élever à celle de message, au sens de ce mot dans la prophétie.
C’est à cause de ce rôle, de dimension sociale, qu’une polémique extrêmement grave est née aux États-Unis à la sortie du film. On a accusé celui-ci d’être produit par QAnon, une société « complotiste » de tendance républicaine qui accuse les grands possédants démocrates d’organiser le trafic de la pédocriminalité. Désolés et scandalisés par cette polémique imbécile, les auteurs du film se sont défendus avec éloquence et ont eu la consolation de voir leur film cartonner au box-office : avec plus de 182 millions de dollars de recettes aux États-Unis, Sound of Freedom est n°10 au Box-office de l’année, devant Indiana Jones ou Mission impossible. Saje est le seul à avoir voulu le distribuer en France. Il sortira le 15 novembre prochain, juste avant la Journée mondiale pour la prévention des abus envers les enfants (19 novembre), et la Journée internationale des droits de l’enfant (20 novembre). Il faut le voir.

François Maximin

© LA NEF n° 363 Novembre 2023