En ce triste mois d’octobre, nous avons été brutalement replongés dans la terreur islamiste, avec l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre, puis le nouvel assassinat d’un enseignant à Arras, le 13 octobre, et la Belgique frappée à son tour trois jours plus tard. Combien de morts faudra-t-il comptabiliser pour que cesse l’incroyable déni qui nous aveugle ? Évidemment, tous les musulmans ne sont pas des terroristes, la grande majorité d’entre eux ne souhaite que vivre en paix ; mais tous les terroristes qui tuent dans nos rues sont bel et bien des musulmans se réclamant haut et fort de l’islam, et revendiquant même d’en être les croyants les plus fidèles. C’est trop facile d’affirmer, comme le font les autorités musulmanes, aussitôt suivies par nos belles âmes en chœur, que ces terroristes n’ont rien à voir avec l’islam et qu’ils trahissent le Coran. Les islamistes sont des musulmans qui ne font que s’appuyer sur ses versets les plus violents qui justifient leurs actes – lesquels versets, les plus récents, abrogent ceux plus anciens qui sont généralement les plus pacifiques. Si nous avons à sortir du déni, les autorités musulmanes seraient bien inspirées de faire de même, en reconnaissant que l’islamisme relève de l’islam. Et en tirer les conséquences, tout particulièrement l’urgente nécessité d’engager une interprétation du Coran qui puisse conduire à un rejet unanime de toute violence.
Les islamistes sont en guerre contre nous
Comment croire, au reste, que ces attentats odieux sont étrangers à l’islam quand on observe une partie du monde musulman, non seulement ne pas les condamner, mais s’en réjouir et les applaudir ? Ou quand des chefs d’État musulmans comme M. Erdogan soutiennent le Hamas, ne voyant rien de répréhensible à son action ? Si nous, nous refusons le « choc des civilisations », les islamistes, eux, le font vivre. Si nous, nous ne voulons ni ennemi ni guerre, les islamistes, eux, nous ont clairement désignés comme leurs ennemis et nous ont déclaré la guerre, nous vouant une haine inextinguible avec la ferme volonté de nous détruire. Cette haine semble échapper à toute raison et conduit au fanatisme, comme on ne le voit que trop avec le Hamas – carence de la raison qui s’observe aussi dans ces foules menées par l’émotion et manifestant leur ressentiment contre l’Occident, foules également prêtes, comme au Pakistan, à lyncher un malheureux chrétien faussement accusé de « blasphème ».
Que nous le voulions ou non, nous sommes en guerre, une guerre certes non conventionnelle, mais une guerre révolutionnaire bien réelle. Évitons toutefois les amalgames : ce n’est pas l’islam qui nous fait la guerre ni les musulmans en général, ce sont les islamistes, lesquels appartiennent néanmoins à l’islam, sachons distinguer.
L’injustifiable attaque du Hamas
L’attaque du Hamas contre Israël est injustifiable et abjecte, les islamistes s’en prenant notamment aux civils innocents désarmés et aux enfants. Les horreurs commises laissent sans voix ! Comment peut-on en arriver à un tel degré de barbarie qu’aucune cause ne saurait justifier ? Le refus de désigner le Hamas comme agresseur et terroriste en cherchant à renvoyer dos à dos le bourreau et la victime est honteux. La stratégie du Hamas est d’autant plus révoltante qu’il se moque de sa propre population derrière laquelle il s’abrite lâchement, qu’il sacrifie à ses buts idéologiques. Ses dirigeants savent pertinemment que toute attaque contre Israël entraîne une riposte ; l’horreur des massacres, parfaitement calculée, appelait de fortes représailles, recherchées pour émouvoir et mobiliser le monde musulman derrière son drapeau dans le but d’unir les pays arabes contre Israël et gommer définitivement cet État de la carte.
La situation de la région est cependant complexe. Nul doute que les Palestiniens subissent de graves injustices qui les poussent d’autant plus facilement à la violence que leur horizon est sans espoir et que leurs représentants officiels, trop souvent corrompus, ne sont pas la hauteur des enjeux, facilitant l’émergence des plus extrêmes comme le Hamas. Ainsi se réactive régulièrement le cercle vicieux de la violence, l’État hébreu réprimant sans vergogne les attaques qu’il subit et cherchant légitimement à se protéger des infiltrations terroristes. Il est cependant allé plus loin en laissant les colonies juives s’implanter en Cisjordanie, faisant de ce territoire un gruyère ingouvernable qui rend de facto caduque la possibilité même de deux États coexistant côte à côte.
Un conflit insoluble sans pardon
Quelle solution maintenant ? À vue humaine, le conflit semble insoluble. Une chose est cependant certaine : rien ne sera possible sans une démarche visant à éradiquer la méfiance et la haine qui habitent les deux camps. Seuls les chrétiens ont une véritable culture du pardon ; la Terre Sainte est aussi leur patrie, ils y sont chez eux : aussi ont-ils un rôle à jouer pour préparer la paix. Et aider à sortir de la spirale de la violence, de la vengeance, de la détermination d’éradiquer l’autre vu comme un ennemi irréconciliable. Tant que les deux camps n’apprendront pas à s’accepter et à se reconnaître mutuellement le droit d’exister, une paix durable ne sera pas possible.
Christophe Geffroy
© LA NEF n° 363 Novembre 2023