Lectures Décembre 2023

LA GRANDE CONVERSION
L’Église et la liberté de la Révolution à nos jours
FRANÇOIS HUGUENIN
Cerf, 2023, 526 pages, 34 €

Jusqu’au concile Vatican II, l’Église considérait que l’État devait réserver le bénéfice de la liberté politique et religieuse à ceux qui servent la vérité, les personnes ou institutions se trouvant dans l’erreur pouvant uniquement se prévaloir d’un régime de tolérance toujours précaire. De plus, elle aurait utilisé l’État comme un bras séculier pouvant employer la force au service de sa mission, en vertu d’une ambiguïté théologico-politique qui remonterait au IVe siècle de notre ère, lorsque le christianisme serait devenu religion d’État avec l’empereur Théodose (380).
Mais, depuis Vatican II, l’Église aurait enfin renoncé à prendre appui sur les puissances temporelles pour mener à bien sa mission, la vérité devant s’imposer par elle-même en dehors de toute contrainte étatique. Dès lors, il convient de mieux respecter la distinction des ordres religieux et politique voulue par le Christ lui-même – « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » – qui aurait été dévoyée au fil du temps. La mission de l’État consiste à garantir le bien commun de la société – qui suppose la reconnaissance de la liberté religieuse et politique au bénéfice de tous – et non à faire advenir le Royaume de Dieu qui s’inscrit dans une eschatologie trouvant son plein accomplissement hors de ce monde.
Telle est la thèse de François Huguenin qui y voit là une « grande conversion » de l’Église au libéralisme politique, amenée par les circonstances (l’Église se méfie de la liberté au XIXe siècle car elle y voit l’œuvre de la Révolution française, et se rallie à elle au XXe siècle après l’expérience des totalitarismes) ainsi que par la pensée prophétique de certaines personnalités, Montalembert au XIXe, Lubac et Maritain au XXe siècle. Une évolution politique – et non religieuse – qui débouche sur une synthèse originale entre la pensée classique et moderne.
L’essai est magistral en ce qu’il tente d’analyser les raisons et les enjeux d’un tel retournement. Les références, nombreuses et précises, viennent étayer la thèse de l’auteur. Pour autant, on ne saurait négliger certains éléments de continuité, à notre avis pas assez pris en compte. Car si l’Église ne s’appuie plus sur l’État comme bras séculier de sa mission propre, elle entend bien que celui-ci s’enracine sur une vision chrétienne de l’homme et de la société afin de promouvoir le bien commun (article 2244 du Catéchisme de l’Église catholique).
Quant aux grandes libertés modernes naguère vilipendées et aujourd’hui encensées, elles restent des moyens et non des fins et sont, comme telles, subordonnées au bien commun de la société dont elles sont aussi une composante. C’est l’équilibre entre personne humaine et bien commun qui a été modifié, par une meilleure prise en compte des dispositions subjectives de la personne, notamment le respect de sa liberté de conscience. Pour autant, ces libertés ne sont pas absolues, elles s’inscrivent dans un cadre – aujourd’hui plus souple qu’hier – qui seul leur permet de se déployer en vue de leur finalité.

Benoît Dumoulin

COMPRENDRE LA RÉVOLUTION WOKE
PIERRE VALENTIN
Gallimard/Le débat, 2023, 224 pages, 17 €

Plongée chez les fous. Incursion chez ceux que la commune raison a désertés. Enquête en terre où les mots changent de sens. Tels auraient pu être les sous-titres du livre que Pierre Valentin sort dans la mythique collection Le Débat chez Gallimard. Homme sage, il a préféré plus sobrement : Comprendre la révolution woke. Et de fait, il nous donne matière à comprendre : en quoi consiste réellement le wokisme, de quelles stratégies il use et abuse, en quoi il est un mouvement purement négatif qui ne s’est jamais montré capable d’élaborer un projet autre que « déconstructeur » – ou destructeur –, quelles sont ses intentions profondes, quelles tensions le traversent, quel genre d’homme il forge, quel monde il veut faire advenir, à quelles sources il puise… Tantôt anguille tantôt caméléon, le wokisme excelle dans l’art de la fuite et du flou. Et pour cause, on combat difficilement ce qui est insaisissable, mouvant, sans désignation précise, sans frontières bien tracées. Les wokes refusent de se laisser « enfermer » dans des définitions ou de se soumettre à la première injonction logique qui est celle de la non-contradiction. Il faut donc pour leur résister un esprit clair, qui ne s’en laisse pas conter, qui confond leurs duperies, et parvienne à leur donner des contours, des aïeux et des racines, des définitions, une unité (fût-elle « paradoxale et instable »), des exemples révélateurs, et à pointer leurs incohérences là où elles sont irréductibles. P. Valentin est cet esprit clair. Il est aussi un esprit philosophe, et c’est avec les meilleures armes de la raison qu’il expose, critique, réfute magistralement la pensée woke : on éprouve en le lisant le plaisir que suscite une argumentation fine, solide, rigoureuse, honnête, souvent malicieuse, toujours perspicace, servie par un style élégant, limpide, qui sait recourir aux images quand l’imagination doit soutenir l’intellect. Il est de toute évidence amené à devenir un ouvrage de référence, celui qui aura le plus pertinemment et systématiquement affronté ce sujet. Et, par ce travail de décortication, de démystification, de remontée aux sources, il a accompli une tâche importante : celle de nous prévenir, de nous éclairer, et de nous armer intellectuellement contre ce mouvement d’idéologues, qui risque d’être davantage encore notre futur que notre présent. À moins que tous les parents, les éducateurs, les intellectuels, les journalistes, les politiques, bref à moins que quiconque influence l’esprit des jeunes générations ne se décide à ouvrir ce livre ? On serait bien tenté de le leur envoyer d’office. Si le wokisme est un vaste écran de fumée, ce livre est la bourrasque qui le dissipe.

Élisabeth Geffroy

LE TOTALITARISME SANS LE GOULAG
MATHIEU BOCK-CÔTÉ
La Cité, 2023, 270 pages, 22 €

Par cet excellent essai, tonique comme l’est son auteur, on comprend pourquoi l’Occident n’a pas vraiment compris l’expérience totalitaire du XXe siècle, demeurant hémiplégique face à l’histoire en vomissant le nazisme tout en étant d’une invraisemblable indulgence à l’égard du communisme. Or, montre l’auteur, les ressorts du totalitarisme qui s’installe sont proches de ceux du communisme, la logique actuelle « conduisant à la transformation d’une société en camp de rééducation, à partir d’une conception révélée du bien, indiscutable, sauf par les savants officiels investis de l’interprétation de la sainte doctrine ». C’est « l’utopie diversitaire » qui a pris la suite, l’Occident étant caractérisé jusque-là par une structure discriminatoire au profit exclusif de l’homme blanc hétérosexuel. D’où la nécessité de tout déconstruire pour installer une « société inclusive », notamment grâce à l’immigration massive qui nous délivre de notre propre identité. Et « ce que le régime rejette fondamentalement, il l’appelle extrême-droite. Tel est le nom qu’il donne au mal politique ».
Il est cependant difficile de masquer l’effondrement du régime diversitaire (émeutes, insécurité…) dont les peuples ne veulent pas, c’est pourquoi le recours au mensonge est devenu permanent – il n’y a pas de submersion migratoire, par exemple, puisque des « chercheurs » l’affirment –, au point de faire croire à l’inexistence des sexes, des réalités distinctes de l’homme et de la femme. Les récalcitrants à l’idéologie dominante sont vite exclus de toute vie sociale, et cela commence maintenant dès l’entreprise. Le Covid a révélé la force des moyens technocratiques de coercition pour enfermer toute une population.
Conséquence ? « Le régime diversitaire pousse l’homme à la dissociation. Pour réussir sa vie, il ment. Il ment tout le temps. Il répète que la diversité est une richesse, puis va s’établir dans un quartier ou une ville qu’il dira préservé. » Finalement, « l’homme tout-puissant devient absolument aliéné. Il ne sait plus vivre, il ne sait plus mourir non plus, privé des rituels qui permettaient d’apprivoiser autant que faire se peut sa propre disparition, que le christianisme avait convertie en espérance ».

Christophe Geffroy

DÉCADANSE
PATRICK BUISSON
Albin Michel, 2023, 524 pages, 24,90 €

Patrick Buisson n’est pas sans paradoxes : avec Décadanse, il sort un deuxième pavé pour « déconstruire la modernité ». Le premier avait été le remarquable quoique discutable La fin d’un monde (2021), dans lequel il passait au crible certains bouleversements qu’a connus la France au sortir de la Seconde Guerre mondiale : le déclin inexorable de la paysannerie, socle du pays, la perte du sens du sacré et de la foi, la peur de la mort, l’éviction des figures du père et du mâle…
Décadanse s’attaque à des thèmes tout aussi importants : l’avènement de la société de consommation, la réduction du corps au statut de marchandise, le dérèglement des mœurs (l’inévitable glissement de la contraception à l’avortement, en passant par la banalisation du sexe), la désagrégation de la famille… Et l’on se demande bien quel est l’œuf et quelle est la poule. Est-ce la société de consommation (dont le père de l’expression est peut-être bien Bernanos) qui a permis la dégradation des mœurs ? Ou sont-ce les mœurs qui ont été dégradées pour faciliter la consommation ? « Seule une société permissive peut être une société de consommation », écrivait Pasolini. Il n’en demeure pas moins que le résultat est là : d’une société paysanne refusant les excès, nous sommes passés à une société dont la seule raison d’être est de consommer toujours plus. Cela est même devenu sa structure : retirez la consommation, et des pans entiers de la société s’effondreront… Ce qui ne va pas sans paradoxe, comme en témoigne par exemple l’histoire contrastée de la pilule contraceptive : de symbole de la libération de la femme (peut-être plus attrayant que le robot Moulinex), elle devient finalement symbole de l’oppression masculine. En jetant aux orties tout ce qui semblait contraignant, nous avons accepté sans nous apercevoir d’autres diktats : si le corps est soumis à l’ascèse, ce n’est plus par désir d’élévation spirituelle, mais pour correspondre à ce qui lui est dicté par la mode.
Plus de 500 pages bien denses, riches, stimulantes, servies par le sens de la formule de l’auteur… mais non dépourvues de limites. Froide et clinique, la description de ce grand pourrissement laisse amer. Peut-être d’abord parce que l’on sent poindre une paradoxale nostalgie pour la France des Trente glorieuses, à la fois sommet et décrépitude de la France ? On peut également regretter que l’auteur, en se contentant d’observer une période finalement brève au regard de la civilisation, ne s’interroge pas sur ce qui a pu conduire à ce que nous connaissons aujourd’hui : il est peut-être un peu court de tout mettre sur le dos des boomers¸ qui ne sont finalement que le produit de ce qui s’est passé avant. Faut-il rappeler que la première partie du XXe siècle fut le théâtre des deux guerres mondiales – forcément traumatisantes ? Reste une brève lueur d’espérance, à la dernière ligne : « Bossuet, qui n’était pas un adepte de la cancel culture, annonçait : “Quand Dieu efface, c’est qu’il veut écrire.” Soit l’insurrection de l’éternel contre le présent. »

Théophane Leroux

J’ai bien souvent de la peine avec Dieu
Marie Noël-Abbé Mugnier
Cerf/Lexio, 2023, 408 pages, 10,50 €.

«Le pire mal serait d’avoir une destinée incomplète, de ne pas atteindre le terminus de ses dons ». Dès sa première lettre à Marie Noël, l’abbé Mugnier situe l’échange épistolaire et la direction spiritituelle sur une cime qu’ils ne quitteront plus. Il a soixante-cinq ans ; elle en a trente-cinq et voit dans la littérature un fascinant continent à explorer, mais elle tremble d’y faire de mauvaises rencontres. « Lisez donc, sans scrupule, tous les livres que vous m’avez nommés, lui écrit Mugnier. Ils révolteront parfois votre délicatesse, mais ils tremperont votre âme assoiffée d’absolu, qui dépérirait dans les confiseries sulpiciennes. »
Pendant vingt-cinq ans, de 1918 à la mort de Mugnier en 1944, l’abbé cherchera à la guérir de la maladie du scrupule. Il l’appelle à vivre pleinement, sans faire taire un souffle poétique qui est l’autre nom de l’Esprit Saint : « Votre talent a besoin de liberté. Vivez ! » Qu’elle lise Huysmans ou Victor Hugo, qu’elle se reproche sa paresse ou qu’elle se juge incapable à la fois de vivre et de mourir, qu’elle se demande si l’angoisse qu’elle subit en écrivant l’unit au Christ ou met son âme en danger, l’abbé est le témoin privilégié des tourments crucifiants de celle qui l’a appelé à l’aide.
« Atteindre le terminus de ses dons », c’est ce que Marie Noël exige en retour de Mugnier, qu’elle ne voit jamais comme un lecteur ou un confident comme les autres : « C’est par le Prêtre seulement que je peux retrouver Dieu. » Hors de question pour elle que l’abbé oublie la vocation proprement surnaturelle de son sacerdoce. Et lorsque la mort approche, il peut la remercier de soutenir sa vieillesse non avec un bâton, mais avec sa lyre.
Il est donc difficile de ne pas être saisi par les vibrations de ces deux âmes et de ces deux plumes. De quoi pardonner à Mugnier, quand il s’agissait de Bloy et de Maritain, d’être passé à côté de la grandeur sans la voir.

Henri Quantin

À CHACUN SELON SES BESOINS
RÉMI BRAGUE
Flammarion, 2023, 224 pages, 20 €

À part dans le vocable (souvent mi-figue mi-raisin) d’État-providence, nous n’avons plus beaucoup l’habitude d’évoquer la providence. Il faut dire que le mot a souvent été dévoyé : pour ceux qui ont encore un peu de vocabulaire religieux, il s’agit souvent d’une vision aussi naïve qu’inefficace de l’action de Dieu, comme une protection magique. « On entend souvent par là une intervention de Dieu dans la nature des choses ou dans le cours des événements qui vient corriger à point nommé les insuffisances des premières ou les échecs des seconds : Dieu arrache aux mains de la créature ce qu’elle allait abîmer et rétablit la situation », remarque l’auteur. Cette naïve idée s’est sécularisée, prenant par exemple la forme de la croyance dans le progrès : tout ne va-t-il pas s’arranger grâce à lui ? « Ce qu’il nous faut […] et d’urgence, c’est retrouver une manière intelligente de croire [en la providence] », note Rémi Brague, qui va dès lors s’y employer : « La providence est partout, mais elle ne l’est pas de la même façon : pour les minéraux, elle est là comme pesanteur, pour les plantes comme croissance, pour les animaux comme instinct. » Pour l’homme, c’est un peu plus compliqué : « la providence doit considérer l’homme comme tel, c’est-à-dire tel qu’il est marqué par le Logos […], comme un être libre, […] comme un être moral, […], comme un être personnel, […], comme un être historique. » Dieu s’adapte à sa créature, dans une subsidiarité parfaite, et pour commencer, il ne lui demande rien en échange de ses dons : que pourrait donner l’homme en échange ? Comme un médicament ne guérit que si on le prend, la providence de Dieu n’agit que si on l’accepte : « L’unique “condition” est que nous acceptions ce qu’Il nous donne. » Et de conclure : « Ce que Dieu attend de l’homme, c’est que l’homme vive de Lui. Pour le dire avec une formule célèbre de saint Irénée de Lyon : “La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ; et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu.” »
Présentant un sujet plus complexe qu’il n’y paraît avec sa simplicité et son humour habituels, Rémi Brague nous propose un petit livre aussi didactique que profond, et, en un sens, providentiel.

Théophane Leroux

L’ÉGLISE CATHOLIQUE EST CRÉDIBLE
LOUIS-MARIE DE BLIGNIÈRES
Préface du cardinal Robert Sarah
DMM/Sedes Sapientiae, 2023, 186 pages, 19,50 €

Stimulant et réconfortant, tels sont les deux termes qui viennent spontanément à l’esprit du lecteur en refermant cet ouvrage. À notre époque, marquée par les confusions, les faux irénismes et les erreurs doctrinales répandues jusque dans certains milieux catholiques, mais aussi par la déchristianisation croissante du monde, la démarche apologétique de son auteur ouvre l’intelligence à une juste compréhension du Royaume de Dieu fondé par le Christ Lui-même, Royaume auquel l’Église est identifiée.
Dans une première partie, largement fondée sur la Sainte Écriture, le Père de Blignières scrute « la preuve fondamentale » de l’origine divine de l’institution ecclésiale, son fondement apostolique, ses caractéristiques (spirituelle, donc interne, mais aussi publique et visible sans être politique), son organisation hiérarchique et son pouvoir magistériel, son infaillibilité, sa permanence au cours de l’histoire par la succession apostolique et son universalité. À propos du choix de Pierre, évêque de Rome, comme primat de l’Église et en tant que tel garant de son unité, de sa catholicité et de son apostolicité, traits qui manquent aux confessions chrétiennes séparées, l’auteur fournit des informations historiques très intéressantes, étayées par la reconnaissance de saints. Ces développements fournissent de solides références pour aborder avec clarté la démarche œcuménique.
Dans la deuxième partie, intitulée « Les confirmations », le Père de Blignières décrit les signes de la crédibilité de l’Église catholique et de son message, ce qui est essentiel au moment où « le contre-témoignage de certains ministres le rend vraiment inaudible pour beaucoup ». Mais, observe-t-il, « au-delà de cette grande masse de mal, il y a aussi dans l’Église une somme de biens sans exemple dans les autres structures humaines ». Plaçant la sainteté au sommet de cette liste, il en souligne la fécondité inépuisable par « l’îlot de civilisation magnifique » qu’elle a engendré. C’est d’ailleurs la découverte de ces trésors, associés à la cohérence entre la foi et la raison, qui a conduit l’auteur à sortir d’une « période d’athéisme et de révolte » comme il le confie, avant de fonder la Fraternité Saint-Vincent Ferrier au rayonnement croissant.
Avec le cardinal Sarah, il faut souhaiter une large diffusion à cette « référence incontournable » apte à entretenir l’espérance des catholiques.

Annie Laurent

Roman à signaler

LE PAYS DES LOUPS
CRAIG JOHNSON
Gallmeister, 2023, 416 pages, 24,50 €

Voilà notre héros préféré, Walt Longmire, le légendaire shérif du comté d’Absaroka (Wyoming), de retour de son épopée mexicaine (cf. Le cœur de l’hiver, La Nef n°353), avec des blessures qui ont du mal à cicatriser. Nous revoici donc plongés dans l’atmosphère sauvage du Wyoming et c’est tant mieux ! Une double affaire attend ici le shérif : un berger chilien est retrouvé mort tandis qu’un vieux loup rôde qui semble s’en prendre aux moutons. Meurtre ou suicide ? Et faut-il abattre le loup dont la population veut la peau ?
Une fois de plus, Craig Johnson nous offre un excellent roman parfaitement maîtrisé, avec toutes les qualités qu’on lui connaît bien : personnages attachants fort bien dessinés, art de la narration agrémenté d’un humour omniprésent, paysage et atmosphère dépaysants parfaitement décrits. Rudesse d’une Amérique profonde et rurale non contaminée par tous les excès dont ce grand pays est prodige. Bref, une distraction de belle qualité, à recommander tout particulièrement.

Christophe Geffroy

Livres cadeaux de Noël

Le roman du Roi-Soleil, Philippe de Villiers, Plon, 2023, 484 pages, 23 €. Après la politique et l’immense succès du Puy du Fou, Philippe de Villiers réalise une belle carrière littéraire par ses biographies historiques vraiment originales. Il crée un genre, le roman historique où le héros se raconte à la première personne. Après Charette, Saint Louis et Jeanne d’Arc, voici Louis XIV dont l’auteur dresse un portrait plein de panache, celui d’un roi au service de la France, de sa puissance et de sa grandeur. Magnifique.

François d’Assise. Le chevalier sans armure, Luc Adrian, Éditions Emmanuel, 2023, 310 pages, 21 €. Luc Adrian, reporter à la retraite de Famille chrétienne, nous régale de son style plein d’humour sans pareil pour nous conter la vie du poverello d’Assise d’une façon captivante, originale et très accessible au plus grand nombre. À l’arrivée, une magnifique biographie, à l’écriture enlevée, pour découvrir l’un des plus grands saints de l’Église, toujours aussi actuel. À recommander tout particulièrement.

Léonie Martin. La biographie, Madeleine de Gourcuff, Artège, 2023, 560 pages, 25 €. Léonie fut la seule, des quatre sœurs de sainte Thérèse de Lisieux, à n’être pas carmélite. Sa vocation fut plus difficile, après plusieurs essais infructueux, mais elle finit par trouver sa voie à la Visitation de Caen. Une magnifique biographie, très fouillée, de cette femme attachante dont le procès de béatification est en cours.

La Bible, révision par Fr. Bernard-Marie sur la traduction du chanoine Crampon de 1923, Téqui, 2023, 1930 pages, 39,90 €. La Bible de Crampon demeure une référence incontournable, à une époque où tant de traductions sont sujettes à caution. La version de 1923 a été entièrement revue par un bon spécialiste, le Fr. Bernard-Marie, o.f.s., et cette nouvelle édition présente un appareil de notes explicatives qui prend en compte les recherches bibliques récentes. Une belle édition très compacte.

Une cinémathèque idéale. Que regarder en famille de 5 à 16 ans ?, Laurent Dandrieu, Critérion, 2023, 256 pages, 17,90 €. Excellent critique cinéma de Valeurs actuelles, Laurent Dandrieu avait publié un imposant Dictionnaire passionné du cinéma (L’Homme nouveau, 2013). Ici, il cible son dictionnaire sur les jeunes de 5 à 16 ans, faisant de cet ouvrage un outil indispensable pour les parents soucieux de montrer à leurs enfants de bons films (plus de 700 sont analysés).

Histoire totale de la Seconde Guerre mondiale, Olivier Wieviorka, Perrin/Ministère des Armées, 2023, 1070 pages, 29 €. Tous les passionnés de la Seconde Guerre mondiale trouveront dans ce livre une synthèse magistrale et exhaustive sur la question. Il se lit comme un roman et dépasse le cadre des seules opérations militaires, bien évidemment abordées en détail. Une somme appelée à faire date.

Un conte de Noël pour le Barroux, Natalia Sanmartin Fenollera, Éditions Sainte-Madeleine, 2023, 74 pages, 12 €. L’auteur de L’éveil de Mademoiselle Prim a écrit cette histoire pour les moniales de l’abbaye ND de l’Annonciation du Barroux. Un jeune garçon qui a perdu sa maman demande, trois années durant, un signe au bon Dieu pour être sûr de la véracité de ce que sa mère lui a appris. Ce signe, il le comprendra au troisième Noël…

Les gentilshommes, Jean de La Varende, préface du prince Louis de Bourbon, avant-propos de Patrick Delon, Via Romana, 2023, 206 pages, 20 €. Jean de La Varende (1887-1959), écrivain enraciné dans sa Normandie, a écrit treize récits historiques destinés aux adolescents, galerie de personnages qui illustrent les vertus d’honneur et de fidélité. Des héros, grands ou petits, mais tous « gentilshommes ».

Sagesse cachée des monastères. 10 rencontres au parfum d’éternité, Samuel Pruvot, Marie de Varax et Guillaume Rivière (photos), Mame, 2023, 128 pages, 29,90 €. Samuel Pruvot et Marie de Varax ont rencontré dix moines ou moniales de différentes abbayes (Fontgombault, Solesmes, Pesquié, Tamié, Lérins…) qui témoignent de leur expérience spirituelle et de leur histoire. Des entretiens profonds, illustrés de superbes photos, révélant de riches personnalités.

Sainte Hildegarde de Bingen, génie du Moyen Âge, Pierre Dumoulin et Emmanuelle Philipponnat, Mame, 2023, 224 pages, 35 €. Un bel album complet sur sainte Hildegarde qui aborde tous ses aspects : sa vie, sa spiritualité et ses visions, sa thérapie, ses recettes pour une saine alimentation, ses cantiques. Une belle occasion de découvrir cette sainte d’une étonnante modernité.

Basile et l’Enfant Roi, Bénédicte Delelis et Bethany Stancliffe, Mame, 2023, 48 pages, 19,90 €. Un beau conte de Noël mettant en scène un jeune garçon a priori peu doué qui va être amené à rencontrer l’Enfant Roi. L’histoire est bien servie par la qualité du dessin.

24 histoires de Noël pour attendre Jésus, Sophie de Mullenheim, Karine-Marie Amiot et Charlotte Grossetête, Mame, 2023, 80 pages, 17,90 €. 24 histoires pour enfants dès 4 ans, inspirées de l’Évangile et des traditions de Noël, à lire chaque soir pendant l’Avent.

Patrick Kervinec

© LA NEF n° 365 Janvier 2024