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La persécution des chrétiens dans le monde

Trois cent soixante-cinq millions de chrétiens sont persécutés dans le monde, apprend-on de l’ONG (protestante) Portes Ouvertes (1), ce qui représente un disciple du Christ sur sept. Est-ce peu, est-ce gigantesque ? En tout cas, pour nous chrétiens de l’arrière, cela s’apparente plus à une page d’histoire passée, à une légende du coin du feu pour faire peur à des petits enfants qu’à une vérité contemporaine.
Persécuter un chrétien ? Pourquoi donc ? C’est une question qui nous a toujours paru sans réponse : qu’est-ce qu’un chrétien peut bien représenter comme menace ? Et pourtant, on le sait, dès les premières décennies, le christianisme qui ne devait représenter qu’une poignée de dévots fut l’objet de répression et de massacres de la part d’un pouvoir impérial romain qui ne devait pas être si sûr de lui.

Parce que les chrétiens refusaient de l’adorer comme un dieu, le chef de cet empire soi-disant si tolérant et si cher à nos néo-païens, les accusa de tout et les tua, dépeça, brûla, jeta aux bêtes par millions. À la fin, ils gagnèrent, sans arme, ni haine, ni violence, et firent de cet empire le socle de la chrétienté.
Aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé ? Les persécutions dont sont victimes nos frères chrétiens sur le globe sont aussi variées que le mal dans l’âme humaine : on a bien entendu pour commencer les habituels génies de l’islam, qui se répandent en Afrique aussi aisément que le chikungunya ou la grippe aviaire dans un élevage de canards du Gers, et après avoir mis le Maghreb et le Sahara à feu et à sang descendent désormais au Sahel pour terroriser des populations au nom de leur faux prophète. Le Burkina Faso aura beaucoup saigné cette année et si la France s’est révélée incapable de démanteler les organisations terroristes musulmanes locales, nul doute que les Russes de Wagner feront pire et achèveront de déstabiliser ce pays, comme le Mali, comme le Niger. Mais c’est surtout le pauvre Nigéria qui fait les frais de cette haine qui nous serait incompréhensible si nous ne connaissions l’existence de celui qui en est à l’origine, le démon : Boko Haram (fière devise qui signifie que tout ce qui vient d’Occident est « interdit », à bannir) continue de brûler des églises, de déporter des femmes et des enfants chrétiens, dans le silence presque total du reste du monde. On passera sur le sort fait aux chrétiens dans tout le reste des pays musulmans où ils sont au mieux tolérés.

Les autres nations qui s’illustrent en ce moment dans la persécution du faible sont asiatiques : la Chine, ivre de sa puissance retrouvée et assez semblable dans sa bouffitude à l’Empire romain, ne supporte pas le moindre extérieur à son parti communiste-capitaliste. Bien que les chrétiens aient été présents dès les premiers siècles dans l’empire du Milieu, la foi dans le Christ y apparaît aujourd’hui comme une importation occidentale, ce qui est parfaitement faux. Et à ce titre, elle est réprimée. Quoique Rome ait tenté et tente toujours de trouver l’accord le moins mauvais possible, les églises continuent d’y être détruites. De la même façon, les pays voisins et imprégnés de communisme que sont le Vietnam et le Laos répriment tout ce qui pourrait venir troubler leur matérialisme tranquille.

Sommes-nous nous-mêmes si éloignés de ces persécutions ? Bien entendu, oui, nous sommes très loin de ces chrétiens martyrisés. Mais sommes-nous certains de n’être pas plus souvent du côté du persécuteur, c’est-à-dire du côté de César, et de l’idole qui ne supporte pas la petite voix du faible qui annonce le Royaume à côté de nous ?

Jacques de Guillebon

(1) https://www.portesouvertes.fr/

© LA NEF n° 366 Février 2024