Élisabeth Lévy laisse rarement intacts les plateaux de télévision et les studios de radio où elle passe. Sa gouaille et ses idées gênent. Comme souvent, lorsque ces idées posent de véritables questions et appellent les médias à regarder le réel au lieu de faire les autruches. Sur bien des sujets de cet ouvrage, comme par exemple la place de l’islam en France, l’école, l’histoire de notre pays, l’islamisme, l’identité, la République, le souverainisme, l’indépendance des médias… Sur ce dernier point, la patronne du mensuel grain de sable Causeur n’a pas la langue dans sa poche, affirmant sur France Inter que ses journalistes sont des idéologues, ou réclamant avec Causeur que cette radio soit rendue aux Français ! Chaque mois, ses éditoriaux sont un regard percutant et unique sur l’actualité. Élisabeth Lévy, c’est avant tout une voix qui dépareille dans le PAF. Pas seulement du fait de son ton. Surtout, car elle ouvre le regard de qui l’entend. Ce qui se verra à la lecture de cet ensemble de chroniques parues entre 2013 et septembre 2017. D’une certaine manière, ces Rien-pensants font suite au livre manifeste Les Maîtres censeurs en interrogeant l’état de la liberté d’expression et de la presse. La situation s’est aggravée, c’est un fait. Des exemples parmi tant d’autres soulevés par l’auteur ? Notre paysage quotidien est envahi par un racisme de l’antiracisme, un néo-antisémitisme des banlieues et un féminisme totalisant. Un regard acéré sur le présent et les égarements du « Camp du Bien », notamment par rapport au djihadisme. À ne pas rater.
Matthieu Baumier
Les Rien-pensants, d’Élisabeth Lévy, Cerf, 2017, 434 pages, 22 €.
© LA NEF n°298 Décembre 2017