Christian Gerondeau, connu comme un « climato-sceptique » déterminé, propose ici une démonstration argumentée sur le rôle du CO2 dans le « réchauffement climatique ». L’auteur estime que le CO2 n’est pas responsable d’un « réchauffement » dont il conteste la réalité même, en montrant notamment que la variabilité du climat n’est pas une nouveauté et se produit aujourd’hui dans des intervalles normaux. Il en vient ainsi à critiquer sévèrement le fonctionnement du GIEC, organisme davantage politique que scientifique. Il insiste aussi sur le mensonge qu’il y a à faire croire, à partir d’un scénario improbable, que « 80 % de l’énergie de la planète pourraient être fournis en 2050 par les énergies renouvelables » (p. 57), alors que se crée chaque semaine en Chine et en Inde une nouvelle centrale à charbon, que les pays en développement ont un besoin vital en énergie que seules les matières fossiles, dans un premier temps, peuvent leur fournir à coût raisonnable, et que l’Europe, seule vraiment soucieuse d’écologie, ne représente que 10 % des émissions mondiales de CO2.
Trois remarques. Peut-être C. Gerondeau a-t-il raison sur le CO2 et le « réchauffement climatique » – un non-spécialiste a bien du mal à vérifier les « preuves » scientifiques, dans un sens ou dans l’autre. Une chose est sûre et on n’y insiste habituellement jamais : les prévisions catastrophiques sont le fruit de modélisations, dont on sait qu’elles ne peuvent reproduire la réalité dans toute sa complexité (d’autres modèles donnent d’ailleurs des résultats moins inquiétants, mais ce ne sont pas ceux-là qui sont médiatiquement « porteurs ») ; cela ne signifie pas que ces modélisations sont sans intérêt, mais seulement qu’on pourrait avoir l’humilité d’expliquer au public qu’on demeure largement dans l’incertitude. Ensuite, la polarisation sur le seul climat tend à occulter les autres problèmes écologiques sur lesquels nous pourrions avoir une influence réelle si une partie des moyens gigantesques consacrés au climat leur était dédiée. Enfin, l’aspect finalement le plus critiquable dans l’approche de C. Gerondeau – comme des « climato-sceptiques » en général – est que sa critique du « réchauffement » ne le conduit à aucune remise en cause du consumérisme actuel ni à s’interroger sur les autres défis écologiques : autrement dit, continuons exactement comme avant, il n’y a aucun problème de ce côté-là ! Est-ce bien sérieux ?
Christophe Geffroy
Climat : la grande manipulation, de Christian Gerondeau, L’Artilleur, 2017, 272 pages, 18 €.
© LA NEF n°299 Janvier 2018