Ce film de Jon Gunn narre l’histoire véridique de la conversion de Lee Strobel en 1981 et s’appuie sur le best-seller qu’il a publié en 1998 : The case for Christ. Lee Strobel (Mike Vogel) est un athée convaincu, heureux en ménage avec son épouse Leslie (Erika Christensen) ; ils ont une petite fille et la maman attend un garçon. Un soir, alors qu’ils dînent au restaurant, la fille, sur le point de suffoquer, est sauvée in extremis par une infirmière chrétienne. Simple hasard que cette présence ou providence ? Leslie ne cesse d’y penser et, retrouvant l’infirmière qui l’invite dans son église protestante, reçoit l’appel de Dieu qui sommeillait en elle. Elle se convertit et se fait baptiser.
Son mari, furieux de l’évolution de sa femme, se lance dans une vaste enquête – il est journaliste d’investigation au Chicago Tribune et sait comment s’y prendre – pour interroger des spécialistes afin de rassembler les preuves que la Résurrection du Christ ne repose sur rien de scientifique. Il a compris que s’il voulait ébranler la croyance de sa femme, il fallait s’en prendre au cœur de la foi chrétienne : la Résurrection.
Seulement – et c’est l’un des points très forts du film –, les spécialistes qu’il interroge ébranlent peu à peu ses certitudes : les historiens et archéologues lui expliquent qu’aucun homme d’une époque aussi reculée n’a un dossier aussi solide que le Christ et que sa mort, comme le fait d’avoir été vu vivant après, sont attestés avec des preuves bien plus solides que celles dont on dispose pour la plupart des personnages historiques. La psychologie (hallucination collective de foules) et la médecine (sur la Passion et la crucifixion) y passent aussi, mais rien n’y fait : impossible de montrer que le Christ n’est pas ressuscité, au contraire, tout milite en ce sens. Je vous laisse deviner la fin…
Après s’être lui-même converti, Lee Strobel est devenu pasteur et s’est ensuite consacré à l’apologétique par l’écriture et la production d’émissions de télévision.
Sans être un chef-d’œuvre du septième art, le film mérite assurément le déplacement, car il est plaisant, bien construit et argumenté, et aborde intelligemment de bonnes questions. Certes, il paraîtra peut-être un peu naïf – très américain – aux Français blasés que nous sommes, mais n’est-ce pas parce que nous avons perdu notre capacité d’émerveillement ? Débattre rationnellement de l’existence de Dieu est chose possible outre-Atlantique alors que c’est tabou chez nous. Le simple fait qu’un tel film soit impensable en France n’est-il pas révélateur du sectarisme anti-religieux qui caractérise notre laïcité tant vantée ?
Ce genre de films est à conseiller, notamment pour les jeunes, dans le cadre de débats en aumônerie ou en paroisse (1), car il permet d’aborder des questions de fond sur la vie et l’existence de Dieu. Alors que, dans Dieu n’est pas mort (cf. La Nef n°295 de septembre 2017), l’objet est de répondre aux arguments des athées (la question du mal, celle de l’évolution…), dans Jésus, l’enquête – bien meilleur selon nous –, la recherche est inversée et le film montre que l’on ne peut prouver la fausseté du christianisme. En ce sens, ces deux films se complètent bien.
Christophe Geffroy
(1) Contacter Saje Distribution si vous souhaitez organiser des projections près de chez vous : www.sajedistribution.com
Film en salles le 28 février 2018.
© LA NEF n°300 Février 2018