Géraldine Muhlmann est agrégée de philosophie et de sciences politiques, journaliste et enseignante. Elle a été proche de Jospin puis d’Aubry, a travaillé sur France 5, France Culture et présente maintenant Médiapolis sur Europe 1. Une femme et une journaliste de gauche. Ce Du journalisme en démocratie, qui fait penser à De la démocratie en Amérique, n’en est pas moins stimulant pour la pensée de ce qu’est justement le journalisme. Un essai tout sauf binaire, avec des convictions, qui interroge le rôle et l’utilité du journalisme en démocratie, journalisme au sens de « faire voir le monde au présent ». Pour ce faire, Muhlmann se place sous le possible d’un journalisme idéal, dont elle n’ignore pas le caractère utopique, car c’est, de son point de vue, le meilleur angle pour juger les aspérités du journalisme réel. Un regard philosophique, tout en restant accessible au lecteur. Le journalisme n’est exempt ni de conflits ni de fabrication du commun, et en ce sens il est en partie constitutif de la démocratie telle qu’elle se pense actuellement. Il est aussi confronté à une nouvelle donne, entre fake news, médias officiels arrangeant les faits à la sauce d’une pensée dominante libérale-libertaire, ce que l’auteur voit un peu moins, rôle des lanceurs d’alerte et accélération de tous les aspects de nos vies, y compris de la façon dont on nous informe. Un essai qui aide à penser son sujet. Avec des convictions.
Matthieu Baumier
Du journalisme en démocratie, de Géraldine Muhlmann, Éditions Klincksieck, 2017, 382 pages, 15 €.
© LA NEF n°300 Février 2018