Claude Duboscq, de l’abbé Gilles Duboscq

L’abbé Gilles Duboscq est le plus jeune fils du compositeur Claude Duboscq (1897-1938), qu’il a passé sa vie à tenter de faire connaître. Aujourd’hui il publie un livre qui, par les sources utilisées et par les documents qu’il reproduit, est désormais l’ouvrage de référence sur ce musicien méconnu.
Claude Duboscq est né dans une famille de grands bourgeois bordelais qui exploitaient le pin des Landes. Son père quittera Bordeaux pour s’installer précisément au milieu des Landes, à Onesse (sa mère est morte quand il avait cinq ans). Il baigne dans un milieu musical et il manifeste très tôt des dons exceptionnels, notamment au piano. Il se passionne pour l’orgue et son père lui offre un Cavaillé-Coll. Les hivers, à Paris, il fait partie un temps des artistes de Montparnasse. Il se lie avec Henri Charlier, qu’il a déjà rencontré dans les Landes où il sculptait des monuments aux morts, et il devient aussi l’ami de Francis Jammes. Après avoir composé diverses œuvres pour piano et de musique de chambre, et des mélodies, il décide de ne plus composer que de la musique religieuse, suivant le « rythme libre » du plain-chant, et aussi dépouillée que possible.
Il va bientôt élaborer une forme de théâtre musical inspiré du drame antique et du mystère du Moyen Âge, et d’une certaine façon de « l’œuvre d’art totale » de Wagner, mais où tous les arts seraient à égalité. C’est d’abord un « Divertissement sacré » qui brosse l’histoire du monde « Avant, pendant, après » (Jésus-Christ) qui est interprété sous la tente à Onesse. Puis on construit un vrai théâtre et Claude Duboscq va produire Colombe la Petite, autour de la jeune martyre de Sens. C’est un succès, salué par Charlier, Jammes, Ghéon…
Mais le père de Claude Duboscq est mort, ses oncles constatent que le neveu dépense sans compter et qu’il est incapable de tenir son rôle de chef d’entreprise. Ils le mettent sous tutelle, et cette humiliation plonge l’artiste dans une dépression qui finira en folie, jusqu’à la mort.
L’abbé Duboscq raconte la vie de son père avec une piété filiale qui l’inspire. C’est un beau livre.

Hervé Pennven

Claude Duboscq, de l’abbé Gilles Duboscq, Terra Mare, 2017, 336 pages, 20 €.

© LA NEF n°301 Mars 2018