Paul, Apôtre du Christ (1h47, le 2 mai)
Le cinéma américain a des ressources étonnantes, tout particulièrement en matière de « film chrétien ». Chez eux, c’est un genre accepté et répandu, personne ne chercherait à y voir une « atteinte à la laïcité ». Le gros de cette production chrétienne, du moins ce qui nous parvient en France, n’est cependant pas toujours d’une grande valeur cinématographique. Avec de sympathiques exceptions que nos amis de Sage distribution contribuent à nous faire connaître, comme Cristeros, Little Boy ou Jésus l’enquête, par exemple. Cette fois-ci, avec Paul, Apôtre du Christ, réalisé et écrit par Andrew Hyatt, on monte encore d’un cran avec un grand film.
Le scénario est intelligemment construit autour de l’emprisonnement de saint Paul (remarquablement joué par James Faulkner) à Rome, qui vient d’être condamné à être décapité, Néron ayant fait des chrétiens les responsables de l’incendie qui vient de ravager la ville. Luc (Jim Caviezel, lumineux) arrive à Rome pour essayer, au prix de grands risques, de rendre visite à Paul, afin de recueillir ses souvenirs et ses derniers conseils – souvenirs qui formeront la trame de la seconde partie des Actes des Apôtres. Les scénaristes ont inventé le personnage romain de Mauritius Gallas (Olivier Martinez, lui aussi très bon), chef de la prison Mamertime, soldat expérimenté et loyal nommé à ce poste comme en punition, qui est intrigué par la personnalité de Paul et de Luc, par leur foi qui le dépasse.
Ce film est une réussite avec une mise en scène efficace et sans temps morts, des prises de vues esthétiques et l’atmosphère d’une communauté chrétienne aux abois, persécutée avec une violence et une cruauté inouïes, chacun craignant d’être arrêté à tout instant. Mais plus encore, le fond est digne d’intérêt, avec des dialogues puissants largement inspirés des écrits de saint Paul lui-même et qui devraient être sources de réflexion pour tout spectateur.
Bref, un bien beau film à voir absolument. Et à faire voir.
Bienvenue en Sicile (1h39, le 23 mai)
Après l’excellent Tout mais pas ça !, les Italiens nous offrent une nouvelle comédie aux accents cependant beaucoup plus dramatiques. En 1943, à New York, au sein de la communauté italienne, Arturo, simple employé dans un restaurant, rêve de se marier avec Flora, promise au fils d’un chef de la mafia new-yorkaise. Le seul moyen de l’épouser est d’obtenir sa main directement de son père qui est resté en Sicile. Pour y parvenir, Arturo s’engage dans l’armée américaine qui prépare son débarquement sur l’île italienne… en scellant un pacte avec la mafia dans le but de désarmer toute résistance locale.
Des combats, Arturo n’en verra pas, mais grâce à son chef, Philip, Italien comme lui (et qui est le véritable héros du film), il réalise que les Américains remettent en selle la mafia (plus ou moins muselée par Mussolini) et lui transmettent finalement tous les pouvoirs. C’est l’intérêt majeur de ce film que de montrer, sur un ton léger et plein d’humour, cet épisode peu connu et à vrai dire assez révoltant, guère à la gloire des Américains.
Christophe Geffroy
© LA NEF n°303 Mai 2018