Stephens College de Columbia © HornColumbia-Commons.wikimedia.org

La «LGBTisation» des esprits

Rod Dreher l’affirmait dans Le pari bénédictin, son important essai traduit en 2017 : la culture identitaire LGBT semble avoir gagné la guerre culturelle contre le christianisme aux États-Unis. Nombre d’événements et de décisions le confirment avec une régularité de métronome. Bien que minoritaires dans le monde, les conceptions LGBT s’imposent dans les pays de tradition occidentale. Ce n’est plus de revendications dont il s’agit, mais de conquêtes anthropologiques : la gauche identitaire LGBT considère que l’identité personnelle de l’individu prime et serait évolutive dans le temps, y compris sur le plan sexuel, des « catégories » de genre qui pourraient donc varier selon les décisions de l’individu, ce dernier disposant du choix absolu de son « type » sexuel. L’utopie étant celle d’un statut individuel sexué détaché de la naissance et de la biologie. Chacun saisit immédiatement, laboratoires prêts à aider, ce que des personnes soucieuses d’importants profits financiers peuvent espérer d’une telle manière de « contester » le monde. Drôles de rebelles que ces militants LGBT qui ne paraissent pas s’apercevoir que leur vision du monde est en passe de les mettre au service d’intérêts qu’ils prétendent combattre, au nom de la sacro-sainte gauche intellectuelle et militante. Sans compter les conflits qui commencent à déchirer des mouvances où l’on ne sait plus très bien si, par exemple, une ancienne femme devenue trans avec pénis peut se sentir femme et donc être lesbienne, nombre de féministes ayant l’outrecuidance de toujours considérer le pénis comme un attribut de la masculinité. Le débat fait d’ailleurs rage à ce propos.

LGBT in America
Des exemples de « lgbétisation » des esprits ? En décembre 2018, l’une des deux plus anciennes universités américaines réservées aux femmes, le Stephens Collège de Columbia dans le Missouri, a indiqué qu’après avoir « élargi sa définition de la féminité » pour « inclure à la fois le sexe et le genre », elle va commencer à accepter les candidatures transgenres, sous réserve qu’ils/elles « s’identifient en tant que femmes », soit des individus biologiquement masculins qui se pensent femmes. Le nouveau règlement de l’université stipule que « le programme de premier cycle pour femmes du collège continuera d’admettre et d’inscrire des étudiantes qui vivent comme des femmes, comme il l’a toujours fait. Il admettra et recrutera également des étudiantes qui ne sont pas nées mais s’identifient et vivent en tant que femmes ; ces élèves devront fournir des documents juridiques attestant qu’elles sont des femmes ou qu’elles sont sur le point de devenir des femmes ». Vieux de 185 ans, le Stephens Collège de Columbia n’est donc plus exclusivement féminin. Il n’est pas interdit de se frotter les yeux. Cette université fait du reste des émules : sur les 39 Collèges universitaires féminins, 26 envisagent de revoir leurs procédures d’admissions.

L’inquiétante évolution américaine
Depuis janvier, l’université d’État Montclair, classée meilleure université publique du New Jersey par Forbes, propose un nouveau cours, dans le cadre de son « programme d’études gays, lesbiennes, bisexuelles, transgenres et queer », intitulé « Identités queer dans un monde en transformation : les perspectives sexuelles non humaines ». Selon l’enseignante, Madame Dadas, auteur de plusieurs ouvrages sur les catégories « sexospécifiques », la question des perspectives sexuelles offertes aux LGBT, et en particulier aux homosexuels qui ne veulent pas avoir de rapport avec des humains, mériterait d’être enseignée. Pour elle, ces perspectives sexuelles non humaines concernent « les animaux et bientôt les IA (intelligence artificielle) ».
Aux États-Unis, ainsi que l’écrivait Rod Dreher, ce pourquoi il concluait à la nécessité pour les chrétiens de s’organiser en tant que communauté en territoire culturel adverse plutôt que de concourir aux élections, le vaudeville LGBT trouve de plus en plus de soutiens parmi les élus nationaux, démocrates bien sûr, mais aussi au sein du parti républicain : à peine élue lors du récent scrutin de mi-mandat, la représentante démocrate de l’État de Virginie, Jennifer Wextron, s’est empressée d’accrocher un drapeau transgenre bleu ciel, blanc et rose, à la porte de son bureau, à côté du drapeau américain et de celui de l’État de Virginie. Aucun membre du parti républicain ne lui a demandé de l’enlever.

Matthieu Baumier

© LA NEF n°315 Juin 2019