Birthe Lejeune © Fondation Jérôme Lejeune

Birthe Lejeune : une grande dame nous a quittés

En cette période de confinement, plusieurs fortes personnalités, d’audience plus ou moins importante, nous ont quittés. André Clément et Xavier Dor à qui nous avons rendu hommage le mois dernier, mais aussi les Pères Michel Lelong (95 ans), le 10 avril, et André Manaranche (93 ans), le 12 avril, tous deux décédés du Covid-19, le premier Père Blanc passionné de dialogue avec les musulmans et avec le monde traditionaliste, le second Jésuite et auteur prolixe attaché à l’évangélisation et à la formation des jeunes.

Mais je voudrais ici m’arrêter sur deux belles personnalités amies de La Nef : l’abbé Christian Laffargue décédé le 26 avril et Birthe Lejeune le 6 mai.

L’abbé Laffargue est parti saintement à 72 ans, emporté par un cancer qui le minait et particulièrement entouré de son évêque, Mgr Pascal Roland. Ordonné à Écône par Mgr Lefebvre en 1979, membre fondateur de la Fraternité Saint-Pierre en 1988, il s’éloigna peu à peu de la mouvance traditionaliste et fut incardiné dans le diocèse de Belley-Ars en 1997. Il raconta son expérience et sa vision des choses dans un livre d’entretien avec Annie Laurent : Pour l’amour de l’Église (Fayard, 1999) (1).

Une femme de caractère

Birthe Lejeune a elle aussi rejoint la Maison du Père à 92 ans des suites d’une grave maladie. Elle a maintenant rejoint son époux Jérôme, décédé le 3 avril 1994. Il n’est pas aisé d’être la femme d’un homme aussi exceptionnel que Jérôme Lejeune, dont la cause de béatification est en cours à Rome. Pourtant, pour ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin, il était évident que Birthe Lejeune assumait parfaitement son rôle, aussi bien du vivant de son époux que depuis qu’elle était veuve. Elle était d’ailleurs fort active sur les pas de son mari, étant à la fois vice-présidente de la Fondation Jérôme Lejeune, membre de l’Académie pontificale pour la Vie et du Conseil pontifical pour la Santé ; elle était également chevalier de la Légion d’honneur. Et ce n’était pas des titres honorifiques qu’elle cumulait, elle était réellement active au service de ces œuvres. Femme de caractère, courageuse, très directe et d’une franchise désarmante, cette Danoise d’origine ne pratiquait pas la langue de bois ; elle cultivait également la fidélité et l’amitié, nous en avons été tout particulièrement témoins à La Nef. C’était une grande Dame : chapeau bas !

Le 12 mai, lors des obsèques en comité réduit à Saint-Germain l’Auxerrois pour cause de confinement, Mgr Aupetit, dans sa belle homélie, a notamment déclaré : « Birthe et Jérôme Lejeune ont voulu aimer pour vivre, ont voulu vivre pour aimer. Alors, pourquoi ont-ils connu tant d’oppositions violentes ? Qui est contre la vie ? Qui est contre l’amour ? Satan, qui défigure l’amour dans les cœurs. C’est pourquoi ils ont été attaqués par des gens qui se réfugiaient derrière de fausses compassions afin de masquer leur lâcheté et leur veulerie. Satan déteste la vie. Toute la culture de mort, de l’avortement à l’euthanasie en passant par la destruction d’embryons surnuméraires et la réduction embryonnaire, est son œuvre dans des cœurs aveuglés par un monde qui ne sait plus voir la beauté de toute vie. » Là où elle est, Birthe Lejeune voit désormais la Beauté de la Vie.

Christophe Geffroy

(1) Nous renvoyons à l’hommage que l’abbé Christian Gouyaud lui a rendu sur notre site le 28 avril dernier (cf. https://lanef.net/2020/04/28/hommage-a-labbe-christian-laffargue/)

© LA NEF n°326 Juin 2020