Une vie cachée © Iris Production

Films VOD/DVD Juin 2020

UNE VIE CACHÉE
TERENCE MALICK

UGC, 2h54, 19,99 €, en VOD le 6 mai, sortie DVD le 6 juin

Ce film absolument grandiose est avant tout une magnifique méditation sur la primauté de la conscience face à un engagement jugé moralement illégitime : le héros, Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de prêter serment à Hitler comme l’y oblige son incorporation dans la Wehrmacht. Le film est lent et long, mais cette lenteur est nécessaire pour entrer vraiment dans cette méditation, les superbes images de la montagne autrichienne nous y aidant tout particulièrement. Si Jägerstätter, qui se heurte à l’incompréhension de tous, est un saint (il a été béatifié en 2007), son épouse, qui le soutient admirablement (« Fais ce que tu juges bon »), l’est également, sa part au sacrifice n’étant pas moindre.
Le principal message du film est résumé par une phrase de George Eliot qui apparaît sur l’écran à la fin : « Le bien croissant du monde dépend en partie d’actes non historiques ; et si les choses ne vont pas pour vous et moi aussi mal qu’elles auraient pu aller, nous en sommes redevables en partie à ceux qui ont vécu fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes délaissées. » Phrase remarquable de vérité qui renvoie à une scène du film lorsque le juge allemand, qui doit condamner Jägerstätter à mort, essaie cependant de le sauver : « Votre acte héroïque ne changera RIEN au cours des choses et restera ignoré de tous à jamais, alors pourquoi ? » Ce refus de Jägerstätter, sacrifiant sa vie à sa conscience, a assurément eu une influence cachée bien plus grande que ne le croit le juge allemand. Ce film, économe de paroles, a une dimension christique évidente, le héros jouant la Passion avec ses protagonistes, son village qui le rejette, Pilate (l’officier allemand) et Fani, sa femme, qui s’apparente à Marie qui offre son fils en sacrifice. Un film à ne pas rater (1).


J’Y CROIS ENCORE
Les frères Erwin

Saje Distribution, 1h54, sortie le 5 juin en achat digital sur iTunes et Google et le 26 juin en VOD sur toutes les plateformes (DVD en août)

Jeune étudiant, Jéremy veut devenir chanteur pour Dieu et rencontre, sur son campus de Californie, Melissa dont il s’éprend immédiatement. Un amour fort les unit quand ils apprennent qu’elle est atteinte d’un cancer incurable. Ils décident malgré tout de se marier pour lutter ensemble contre la maladie. Ce film est tiré de l’histoire vraie de Jeremy Camp, chanteur chrétien à succès aux États-Unis.
Les évangéliques américains progressent incontestablement dans leurs films, depuis plusieurs années. De médiocre, leur production cinématographique a atteint maintenant un réel degré de professionnalisme digne de Hollywood et l’on prend plaisir à voir leurs films sans, toutefois, s’émerveiller et crier au génie ! C’est le cas de J’y crois encore : assurément un bon film, on rentre sans peine dans cette belle histoire, émouvante et bien jouée, et pourtant l’on se dit que cela aurait pu être meilleur encore ! Pourquoi ?
Parce qu’on a l’impression, avec les évangéliques, que tant que l’on ne prononce pas le nom de Dieu toutes les 3 minutes, on ne fait pas un film « chrétien » ! La démonstration, chez eux, est trop lourde, appuyée, sans finesse, comme s’il fallait tout expliquer et bien rappeler au spectateur qu’on est bien en train de lui parler de Dieu qui est très bon malgré tous les malheurs qui surviennent ! Cela est quelque peu puéril ; sans doute cette approche est-elle plus adaptée à l’esprit américain qu’à celui des Européens. De plus, cette « louange », certes sympathique, ne dépasse toutefois jamais le stade de l’émotivité, et d’une émotivité de groupe où tout reste limité au « ressenti ».
Que ces réflexions sur le cinéma évangélique ne vous empêchent pas de voir J’y crois encore, le film mérite d’être vu… et vous pourrez vous faire votre propre opinion sur ce cinéma faith based qui a quand même l’immense mérite d’exister et qui nous est accessible grâce à Saje Distribution…

Christophe Geffroy

© LA NEF n°326 Juin 2020