Pierre-Guillaume de Roux © Logoiseau Commons wikimedia

Disparition de Pierre-Guillaume de Roux : un peu de liberté qui s’en va !

Une bien triste nouvelle est tombée ce 12 février : la mort de l’éditeur Pierre-Guillaume de Roux, emporté par le cancer quelques jours avant son 58e anniversaire. Peu connaissaient sa maladie – l’homme, chrétien orthodoxe, était d’une grande pudeur et d’une non moins grande discrétion –, aussi sa brutale disparition a-t-elle été un choc.
Sans être un proche, je le connaissais depuis une vingtaine d’années. Je l’avais davantage fréquenté quand il avait lancé les Éditions des Syrtes dont il était l’âme mais non le propriétaire ; aussi, avec un ami, avions-nous essayé de l’aider quand il s’était retrouvé rejeté de la maison qui lui devait tout. Sans succès. Mais cela eut au moins le mérite de le pousser à créer sa propre enseigne, les éditions Pierre-Guillaume de Roux.
Fils de l’écrivain et éditeur Dominique de Roux, fondateur des Cahiers de l’Herne et des Éditions de l’Herne, il s’était lui-même fait un prénom dans l’édition. Après un passage chez Christian Bourgois et avoir été, à 21 ans, directeur littéraire de la Table Ronde de la grande époque, celle de Roland Laudenbach, il s’arrêta un temps chez Julliard et Bartillat avant de participer à la création de Critérion, puis des Syrtes, de diriger Le Rocher pour enfin fonder en 2010 son entreprise, les Éditions Pierre-Guillaume de Roux (PGDR).
Trois points me semblaient le caractériser en tant qu’éditeur : d’abord une exigence de qualité (celle des textes, mais aussi un rare souci de la mise en page et de l’esthétique, ce qui est devenu rarissime aujourd’hui dans l’édition), ensuite une véritable liberté d’esprit étrangère à toute forme de politiquement correct, enfin un sens inné pour découvrir des auteurs rares. Parmi les livres importants qu’il publia, on peut citer La voie romaine de Rémi Brague (Critérion, 1992) ou La guerre civile européenne de Ernst Nolte (les Syrtes, 2000). Et, sous la marque PGDR, il avait rassemblé des auteurs aussi riches et variés que Stéphane Courtois, Richard Millet, Olivier Rey, Hervé Juvin, Alain de Benoist… sans hésiter à braver la pensée unique avec, à son catalogue, Renaud Camus, par exemple.
En 2015, nous avions travaillé ensemble pour publier l’enquête que nous avions réalisée dans La Nef avec Falk van Gaver et rassemblée dans un livre intitulé Faut-il se libérer du libéralisme ? J’avais pu alors apprécier son professionnalisme. Avec sa mort et celle probable des Éditions PGDR, c’est un espace de liberté dans l’édition qui disparaît : ce n’est pas une bonne nouvelle !

Christophe Geffroy

© LA NEF n°334 Mars 2021