L’indéfectible assistance du Christ et de l’Esprit Saint au Pontife romain (7)

Un pape ordonna à son Diacre de vendre tous les biens, ornements et vases sacrés de l’Église, pour les donner aux indigents…

Et Dieu authentifia cette demande de la Grâce du Martyre qui suivit les paroles du Diacre Laurent aux persécuteurs : « Voilà les trésors de l’Église, que je vous avais promis : les orphelins. J’y ajoute les perles et les pierres précieuses, ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu ; l’Église n’a point d’autres richesses. »

« Comme l’évêque Martin (fêté le 11 novembre), suivant le rite, bénissait l’autel – après avoir donné sa tunique à un pauvre et avoir revêtu un vêtement des plus grossiers – nous avons vu jaillir de sa tête un globe de feu, qui s’éleva dans les airs avec un rayonnement lumineux, comme une très longue chevelure de flammes…

Cela, nous l’avons vu un jour de grande affluence, au milieu d’une grande multitude de peuple ; et cependant, les seules personnes qui l’aient vu, c’est une des vierges, un des prêtres, trois seulement parmi les moines.

Pourquoi tous les autres ne l’ont-ils pas vu ? De cela, nous ne saurions être juges. »

Et nous, que voyons-nous du Doux Christ en terre, le pape François, serviteur des Serviteurs de Dieu ?

Que voyons-nous du serviteur de ces âmes pour la moindre desquelles le Christ S’est livré, pour la Vie et la Gloire desquelles le Christ nous fait la Grâce de vouloir Se donner par nous aussi ?

 « Dieu n’a pas de honte d’être appelé leur Dieu »… « tant qu’ils ne rougissent pas du Fils de l’Homme ! » (tiré du Commentaire de l’Évangile de Saint Matthieu de Saint Albert le Grand o.p., fêté le 15 novembre)

« Ce que vous avez fait à l’un de ces petits, c’est à Moi que vous l’avez fait ! »

« Qui reçoit un de ces petits en sa qualité de Christ-Pauvre recevra une récompense de Fils de Dieu. »

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Nous continuons ainsi par courtoisie de La Nef notre série de traductions des 10 catéchèses sur le pape de Jean-Paul II, qui concluent les 18 catéchèses sur les Évêques de Jean-Paul II, qui elles-mêmes ne sont qu’une petite sous-partie de l’ensemble magistral des 137 catéchèses sur l’Église que Jean-Paul II a données de juillet 1991 à août 1995.

Nous remontons peu à peu des conséquences – la certitude de Foi de l’indéfectible assistance du Christ et de l’Esprit Saint au Pontife romain, et en particulier dans son magistère – aux principes organiquement pétriniens de la Foi, de la structure, et de la vie de l’Église.

Catéchèses de Jean-Paul II (cliquer sur les titres)

Pierre autorisa les Gentils à être baptisés (13 janvier 1993)

L’évêque de Rome est le Successeur de Pierre (27 janvier 1993)

Le pape exerce la juridiction suprême (24 février 1993)

Le Successeur de Pierre enseigne infailliblement (17 mars 1993)

Le Pontife romain est le Docteur suprême (10 mars 1993)

L’assistance indéfectible du Christ et de l’Esprit Saint au Pontife romain (24 mars 1993)

Nous avons essayé autant que possible de restituer le rythme, l’ordre, et même la musique des mots dont se sert Jean-Paul II, en conservant autant que possible, à des fins d’études approfondies, les racines des concepts qu’il a choisi d’utiliser.

Ce mot d’introduction aura peut-être permis de mieux appréhender l’actualité de ces documents, malheureusement sinon trahis du moins largement méconnus en France.

« Quant à moi, ce n’est pas à cause d’une sagesse qui, en moi, serait supérieure à celle de tout être vivant, que le mystère m’a été révélé ; mais c’est afin que l’on fasse connaître au roi l’interprétation, et que tu connaisses les pensées de ton cœur » (Dn 2,30).

Bertrand Kammerer
laïc de Saint Dominique, doctorant en théologie (université de Lorraine)

Pierre a la première place parmi les Apôtres

Catéchèse de Jean-Paul II sur le magistère des papes

Catéchèse de Jean-Paul II sur le pape

Catéchèse de Jean-Paul II sur les Évêques

Catéchèse de Jean-Paul II sur l’Église


Audience générale du 16 décembre 1992

1. Les textes que j’ai exposés et expliqués dans les catéchèses précédentes regardent directement la mission de Pierre de confirmer les frères dans la Foi et de paître le troupeau des disciples du Christ. Ce sont les textes fondamentaux sur le ministère pétrinien. Cependant, ils doivent être considérés dans le cadre plus complet de tout le discours néotestamentaire sur Pierre, à commencer par la situation [collocazione] de sa mission [au sein de] l’ensemble du Nouveau Testament. Dans l’épistolaire paulinien, on se souvient de lui comme premier témoin de la Résurrection (cf. 1Co 15,3 et sq.), et Paul dit qu’il est allé à Jérusalem « pour consulter Céphas » (cf. Ga 1,18). La tradition johannique enregistre une forte présence de Pierre et, même dans les Synoptiques sont de nombreuses allusions à lui. Le discours néotestamentaire regarde également la position de Pierre dans le groupe des Douze. Dans celui-ci émerge le trio Pierre, Jacques et Jean : pensons, par exemple, aux épisodes de la Transfiguration, de la Résurrection de la fille de Jaïre, de Gethsémani. Pierre est toujours au premier poste dans toutes les listes des Apôtres (en Mt 10,2 carrément [addirittura] avec le qualificatif de « premier »). À lui vient donné par Jésus un nouveau nom, Kefa, qui [en] est venu [à être] traduit en grec (il était donc considéré [comme] significatif), pour désigner l’office et le poste que Simon occupera dans l’Église du Christ. Ce sont des éléments qui nous servent pour mieux acquérir la signification historique et ecclésiologique de la Promesse de Jésus, contenue dans le texte de Matthieu (Mt 16,18-19) et de l’attribution [conferimento] de la mission pastorale décrite par Jean (Jn 21,15-19) : la Primauté d’autorité dans le Collège apostolique et dans l’Église.

2. Il s’agit d’un donné de fait, narré par les Évangélistes en tant que registraires [registratore] de la vie et de la doctrine du Christ, mais également en tant que témoins de la croyance et de la pratique de la première communauté chrétienne. De leurs écrits il résulte que, dans [dès] les premiers temps de l’Église, Pierre exerça l’autorité en mode décisif au niveau le plus haut. Cet exercice, accepté et reconnu par la communauté, est une confirmation [riscontro] historique aux Paroles prononcées par le Christ sur la mission et le pouvoir de Pierre. Il est facile d’admettre que les qualités personnelles de Pierre n’auraient pas été par elles-mêmes suffisantes à obtenir la reconnaissance d’une autorité suprême dans l’Église. Même s’il avait un tempérament de chef, démontré déjà dans cette sorte de coopérative pour la pêche sur le lac composée par lui avec les « partenaires » [soci] Jean et André (cf. Lc 5,10), il n’aurait pas pu s’imposer de lui-même, compte tenu également de ses limites et de ses défauts autant [dignes d’être] notés. Et, d’autre part, on sait que durant la vie terrestre de Jésus, les Apôtres avaient discuté de la question de savoir qui parmi eux aurait eu la première place dans le Royaume. Le fait, donc, que l’autorité de Pierre, fut alors reconnue pacifiquement dans l’Église, est dû exclusivement à la Volonté du Christ, et montre que les Paroles avec lesquelles Jésus avait attribué à l’Apôtre son autorité pastorale singulière étaient entendues et accepté sans difficulté dans la communauté chrétienne.

3. Passons brièvement en revue les faits. Immédiatement après l’Ascension, selon le Livre des Actes, les Apôtres se réunissent : dans leur liste, Pierre est nommé pour premier (cf. Ac 1,13), comme d’ailleurs dans les listes des Douze qui nous ont été fournies par les Évangiles et dans l’énumération des trois privilégiés (cf. Mc 5,37 ; 9,2 ; 13,3 ; 14,33 et par.). C’est lui, Pierre, qui d’autorité prend la parole : « En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères » (Ac 1,15). Ce n’est pas l’assemblée qui le désigne. Et lui se comporte comme quelqu’un qui possède l’autorité. Dans cette réunion, Pierre expose le problème créé par la trahison et la mort de Judas, qui réduit à onze le nombre des Apôtres. Par fidélité à la Volonté de Jésus, chargée du symbolisme sur le passage de l’Ancien au Nouvel Israël (douze tribus constitutives – douze Apôtres), Pierre indique la solution qui s’impose : désigner un substitut qui est, avec les Onze, « témoin de la Résurrection » du Christ (cf. Ac 1,21-22). L’assemblée accepte et met en pratique cette solution, en tirant au sort, de sorte que la désignation vienne d’En-haut : ainsi « le destin chut sur Matthias, qui fut associé aux onze Apôtres » (Ac 1,26). Il convient de souligner que parmi les témoins de la Résurrection, en vertu de la volonté du Christ, Pierre avait le premier poste. L’Ange qui avait annoncé aux femmes la Résurrection de Jésus leur avait dit : « Maintenant, allez, dites à ses disciples et à Pierre… » (Mc 16,7). Jean laisse entrer Pierre le premier dans le Sépulcre (cf. Jn 20,1-10). Aux disciples qui retournent d’Emmaüs, les autres disent : « Vraiment le Seigneur est ressuscité et est apparu à Simon » (Lc 24,34). C’est une tradition primitive, recueillie par l’Église et à laquelle se réfère Saint Paul, que le Christ ressuscité soit apparu en premier à Pierre : « Il est apparu à Céphas, et puis aux Douze » (1Cor 15,5). Cette priorité correspond à la mission assignée à Pierre de confirmer ses frères dans la Foi, comme premier témoin de la Résurrection.

4. Le jour de la Pentecôte, Pierre agit comme tête des témoins de la Résurrection. C’est lui qui prend la parole, par une impulsion spontanée : « Pierre se leva sur ses pieds avec les onze autres, [et] parla à voix haute ainsi… » (Ac 2,14). Commentant l’événement, il déclare : « Ce Jésus, Dieu L’a ressuscité, et nous en sommes témoins » (Ac 2,32). Tous les Douze en sont témoins : Pierre le proclame [au nom de tous, en leur nom à chacun] [a nome di tutti loro]. Il est le porte-voix institutionnel, pouvons-nous dire, de la première communauté et du groupe des Apôtres. Ce sera lui [qui] indiquera aux auditeurs quelles choses ils doivent faire : « Repentez-vous et [que] chacun de vous se fasse baptiser au Nom de Jésus, Christ… » (Ac 2,38). C’est encore Pierre qui opère le premier miracle, provoquant l’enthousiasme de la foule. Selon la narration des Actes, il se trouve en compagnie de Jean lorsqu’il se tourne vers l’estropié qui demande l’aumône. C’est lui qui parle. « Pierre fixa le regard sur lui ensemble avec Jean et dit : « Regarde vers nous ! » Et il (l’estropié) s’est tourné vers eux, s’attendant à recevoir quelque chose. Mais Pierre lui dit : « Je ne possède ni argent ni or, mais ce que j’ai, je te le donne : au Nom de Jésus, Christ, le Nazaréen, marche ! » Et le prenant par la main droite, il le souleva. Du coup, ses pieds et ses chevilles se revigorèrent et, bondissant sur ses pieds, il marchait… » (Ac 3,3-8). Donc Pierre, avec ses paroles et ses gestes, se fait instrument du miracle, convaincu de disposer du pouvoir dérivé [jusqu’]à lui du Christ aussi dans ce champ[-là]. Il explique le miracle au peuple proprement dans ce sens, montrant que la guérison manifeste la Puissance du Christ-Ressuscité : « Dieu l’a ressuscité des morts, et de ceci nous sommes témoins » (Ac 3,15). En conséquence, il exhorte ses auditeurs : « Repentez-vous et changez de vie » (Ac 3,19). Dans l’interrogatoire du Sanhédrin, c’est Pierre, « plein de l’Esprit Saint », qui parle, pour proclamer le Salut apporté par Jésus, Christ (cf. Ac 4,8-9), crucifié et ressuscité (cf. Ac 7, 0). Par la suite, c’est Pierre qui, « ensemble avec les Apôtres », répond à l’interdiction d’enseigner au Nom de Jésus : « Besoin d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes… »(Ac 5,29).

5. Même dans le cas pénible d’Ananie et de Saphire, Pierre manifeste son autorité comme responsable [responsabile] de la communauté. Réprimandant ce couple chrétien [pour son] mensonge à propos de la recette de la vente d’un domaine, il accuse les deux coupables d’avoir menti à l’Esprit-Saint (cf. Ac 5,1-11). Pareillement, Pierre lui-même répond au magicien Simon, qui avait offert de l’argent [denaro] aux Apôtres pour obtenir l’Esprit Saint avec l’imposition des mains : « Ton argent va dans la perdition avec toi, parce que tu as osé penser acquérir avec l’argent le Don de Dieu… Repens-toi donc de cette iniquité, et prie Dieu qu’il te soit pardonné cette pensée ! » (Ac 8,20.22). Les Actes, en outre, nous disent que Pierre est considéré par la foule comme celui qui, plus encore que les autres Apôtres, opère des merveilles. Certes, il n’est pas le seul à accomplir des miracles : « Moults miracles et merveilles advenaient parmi le peuple grâce à l’œuvre des Apôtres » (Ac 5,12). Mais c’est surtout de Lui qu’ils s’attendent à une guérison : « Ils portaient les malades dans les places, les posant sur des lits et des gisants, parce que, quand Pierre passait, même [sa] seule ombre couvrait chacun d’eux » (Ac 5,15). Une chose donc résulte clairement dans ces premiers moments de la mise en chemin [avvio] de l’Église : sous la force de l’Esprit et en cohérence avec le mandat de Jésus, Pierre agit en communion avec les Apôtres, mais prend l’initiative et décide personnellement comme Chef.

6. Cela explique aussi le fait que, au moment de l’emprisonnement de Pierre de la part d’Hérode, il se soit élevé [innalzata] dans l’Église une prière plus ardente pour lui : « Pierre était tenu en prison, tandis qu’une prière s’élevait [saliva] incessamment à Dieu de l’Église pour lui » (Ac 12,5). Cette prière aussi découle de la conviction commune de l’importance unique de Pierre : avec celle-ci commence la chaîne ininterrompue de supplications qui, dans l’Église, s’élèvent [eleveranno] en chaque temps pour les Successeurs de Pierre. L’intervention de l’Ange et la libération miraculeuse (cf. Ac 12,6-17), d’autre part, manifestent la protection spéciale dont jouit Pierre : protection qui lui permet d’accomplir toute la mission pastorale qui lui a été confiée. Cette protection et cette assistance, les fidèles [les] demanderont pour les Successeurs de Pierre dans les peines et les persécutions qu’ils rencontreront toujours dans leur ministère de « serviteurs des serviteurs de Dieu ».

7. Nous pouvons conclure par reconnaître que vraiment, dans les premiers temps de l’Église, Pierre agit comme celui qui possède l’autorité première dans le cercle [ambito] du Collège des Apôtres et que, pour cette raison, il parle au nom des Douze comme que témoin de la Résurrection.

Pour cela, il accomplit des miracles qui ressemblent à ceux du Christ, et il les accomplit en Son Nom. Pour cela, il assume la responsabilité du comportement moral des membres de la première communauté et de son développement futur. Pour cela, il est au centre des intérêts du nouveau Peuple de Dieu et de la prière retournée [rivolta] au Ciel pour lui obtenir protection et libération.


Aux pèlerins français

Chers Frères et Sœurs,

À l’approche de Noël, je salue avec plaisir les pèlerins francophones présents à cette audience et je leur offre mes vœux cordiaux de bonnes et Saintes fêtes de la Nativité du Sauveur. Que Dieu vous bénisse et vous aide tout au long de l’année nouvelle !

© LA NEF le 7 décembre 2019, exclusivité internet

© Texte : Librairie éditrice vaticane
©Traduction : Bertrand Kammerer, laïc de Saint Dominique